Kinshasa, 16 août 2024 – Le Syndicat National des Magistrats du Congo (SYNAMAC) a vivement réagi aux récentes déclarations du Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, l’accusant de cibler injustement les magistrats dans ses discours publics. Selon le SYNAMAC, ces interventions médiatiques tendent à rendre les magistrats seuls responsables des dysfonctionnements de la justice, occultant ainsi les véritables causes structurelles de ces problèmes.

Le SYNAMAC souligne que les propos du Ministre, qu’il qualifie de populistes et outrageants, mettent en danger la sécurité déjà précaire des magistrats. Le syndicat critique également la création de « tribunaux populaires » par le Ministre, où ce dernier se permet de juger et de qualifier certaines décisions judiciaires d’iniques, ainsi que d’ordonner des arrestations, empiétant ainsi sur les prérogatives des magistrats.

Le syndicat attire l’attention du Conseil Supérieur de la Magistrature sur la participation de certains magistrats à des commissions créées pour censurer les actes judiciaires sans consulter leurs hiérarchies respectives. Le SYNAMAC rappelle que dans un État de droit, les décisions de justice ne peuvent être contestées que par les voies de recours prévues par la loi, et non par des interventions arbitraires.

Le communiqué du SYNAMAC


Le SYNAMAC dénonce également les accusations infondées concernant la condamnation de la République ou des entreprises publiques, expliquant que les juges statuent sur la base des pièces fournies par les parties au procès. Le syndicat critique le manque de coopération de la République et des entreprises publiques, qui souvent ne communiquent pas les pièces nécessaires, compliquant ainsi le travail des juges.

En matière immobilière, le SYNAMAC rappelle que les juges ne confèrent pas de droits mais constatent ceux établis par d’autres services de l’État. Les magistrats ne doivent pas être tenus responsables des fautes commises par ceux chargés de protéger les intérêts de l’État.

Face à ces attaques, le SYNAMAC appelle le Ministre de la Justice à cesser ses agressions et à collaborer avec les magistrats dans la lutte contre les anti-valeurs qui minent le secteur de la justice. Le syndicat rappelle que les magistrats travaillent dans des conditions exécrables, sans frais de fonctionnement ni fonds secrets de recherche, et que les modifications intempestives des lois organiques ne résoudront pas les problèmes de fond.

Le SYNAMAC conclut en affirmant que « si la chaîne justice est malade, c’est donc tous les maillons qui sont malades y compris le Ministre de la Justice. Car chacun a sa part de responsabilité dans l’administration de la justice.»

Par Thierry Bwongo

Tendances

En savoir plus sur Tropik Infos

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture