La chef de file du Rassemblement National (RN), Marine Le Pen, a été reconnue coupable ce jeudi de détournement de fonds publics par le tribunal judiciaire de Paris. Une décision lourde de conséquences : elle est condamnée à 4 ans de prison, dont 2 sous bracelet électronique, et à 5 ans d’inéligibilité, appliqués en exécution provisoire. Cette mesure, effective immédiatement malgré un possible appel, la prive de facto de toute candidature à l’élection présidentielle de 2027.
Le tribunal a justifié l’exécution provisoire par la « gravité des faits » et la nécessité de « préserver la confiance publique ». Cette règle, peu fréquente, suspend les droits civiques de la dirigeante d’extrême droite sans attendre l’issue des éventuels recours. Une décision approuvée par 68 % des Français, selon un sondage Elabe pour BFMTV publié dans la foulée du verdict. Par ailleurs, 57 % des sondés estiment que cette condamnation relève d’une « décision de justice normale », soulignant un climat d’adhésion majoritaire à l’action judiciaire.
L’annonce a provoqué un séisme politique, auquel s’est mêlé Elon Musk. Le milliardaire américain a pris position sur les réseaux sociaux, fustigeant une « instrumentalisation de la justice » : « Quand l’extrême gauche ne peut pas gagner par le vote démocratique, elle abuse du système judiciaire pour emprisonner ses opposants. C’est leur stratégie standard partout dans le monde », a-t-il écrit, sans fournir de preuves à l’appui de ses accusations.
Ces déclarations, perçues comme une ingérence par une partie de la classe politique française, contrastent avec l’opinion majoritaire en France. Le RN, par la voix de son président par intérim Jordan Bardella, a dénoncé une « décision politique » et annoncé un appel, qualifiant le procès de « manipulation électorale ».
Marine Le Pen, battue au second tour des présidentielles de 2017 et 2022, visait une quatrième candidature en 2027. Cette condamnation fragilise non seulement son leadership mais aussi les ambitions du RN, désormais contraint de se réinventer sans sa figure emblématique. Les prochains mois s’annoncent cruciaux pour le parti, qui pourrait promouvoir de nouvelles têtes, comme Bardella ou le député Louis Aliot.
Si les détails précis des faits condamnés n’ont pas été explicitement rappelés lors du verdict, cette affaire s’inscrit dans une série de procédures judiciaires visant Marine Le Pen et son entourage, notamment pour des soupçons de détournements de fonds européens entre 2004 et 2017. La justice française avait déjà requis en 2023 une peine similaire, invoquant des « manquements éthiques graves ».
Ce verdict marque un tournant dans la vie politique française. Alors que l’extrême droite semblait en voie de normalisation, l’inéligibilité de Marine Le Pen ouvre une période d’incertitude, autant pour le RN que pour l’équilibre des forces en vue de 2027. Reste à savoir si la ligne « dédiabolisée » du parti survivra à l’ombre de cette condamnation.
Par Thierry Bwongo









