La mort tragique du brigadier Fiston Kabeya Senda, policier de circulation routière à Kinshasa, après une agression présumée par l’escorte de la Première ministre Judith Suminwa, a provoqué une onde de choc en République démocratique du Congo. L’affaire, désormais entre les mains de la justice militaire, ravive des débats sur la responsabilité politique, faisant écho à des précédents historiques tels que celui de Dolly Makambo et de l’ambassadeur Raymond Ramazani Baya.
Le 31 mars 2025, alors qu’il tentait de faire respecter le code de la route face à un cortège circulant en sens interdit, le brigadier Kabeya aurait été violemment pris à partie avant d’être enlevé, torturé et finalement succomber à ses blessures. Une vidéo virale relayant les événements divise l’opinion, certains y voyant une preuve accablante, d’autres dénonçant une tentative de manipulation. Judith Suminwa, absente des lieux selon ses proches, a exprimé ses regrets et assuré que toute la lumière serait faite sur cette affaire. Pourtant, cela ne suffit pas à apaiser la colère populaire, alimentée par des appels à sa démission et des manifestations exigeant justice.
L’affaire rappelle les condamnations de Dolly Makambo en 2019 et de Raymond Ramazani Baya en 1996, deux cas où la responsabilité des autorités a été retenue malgré leur absence au moment des faits. Dans le premier cas, Makambo, alors ministre provincial, avait été condamné à dix ans de prison après le meurtre d’un administrateur de centre hospitalier, abattu par son escorte. Dans le second, Mobutu avait levé l’immunité diplomatique de son ambassadeur après que son chauffeur eut tué deux adolescents en France. Ces affaires ont établi un précédent sur le lien entre pouvoir et responsabilité de tensions politiques exacerbées, Suminwa, première femme à diriger le gouvernement, fait face à des attaques aussi bien sur son bilan que sur son intégrité.


Les réactions sont partagées. La société civile exige une enquête impartiale et des sanctions exemplaires, tandis que les soutiens de la Première ministre dénoncent une cabale politique. La communauté internationale suit l’affaire avec attention, alors que la RDC cherche à redorer son image en matière de gouvernance.
À l’heure où l’enquête doit définir les responsabilités et où le président Tshisekedi devra arbitrer entre loyauté politique et exigence de justice, cette affaire dépasse le simple cadre judiciaire. Elle remet en question la culture de l’impunité et interroge le poids des hautes fonctions. Certains y voient une tentative de déstabilisation d’une dirigeante réformatrice, d’autres une occasion de réaffirmer l’État de droit. L’enjeu est crucial : garantir que justice soit rendue sans céder aux pressions politiques.
Par la Rédaction









