La gestion des dotations budgétaires 2024 de l’Assemblée nationale, sous la présidence de Vital Kamerhe, continue de révéler des tensions politiques et institutionnelles au sein de l’Union Sacrée. Lors de la présentation du rapport financier de la chambre basse du Parlement congolais de l’exercice budgétaire 2024, Kamerhe a exprimé son exaspération face aux conditions de fonctionnement de l’Assemblée nationale. « Nous sommes fatigués de continuer à nous débrouiller avec le peu de moyens qui nous reviennent à nous comme individus pour acheter du papier pour l’Assemblée nationale. Nous sommes fatigués. Ça risque d’être une habitude. Alors que chaque institution doit avoir des frais de fonctionnement, l’Assemblée nationale ne doit pas être considérée comme une petite institution, il faut que nous fonctionnions dans de bonnes conditions », a-t-il déclaré.

Ces propos mettent en lumière les défis financiers auxquels l’Assemblée nationale est confrontée. Le rapport financier, présenté par Chimène Polipoli, questeur de l’Assemblée nationale, révèle que les prévisions budgétaires de l’institution étaient de 1 296,3 milliards de FC, mais que la loi de finances 2024 n’a consacré qu’une enveloppe de 782,6 milliards de FC, soit 60,37 % des besoins exprimés. Et a côté de cela, le gouvernement exécute à peine a hauteur de 48% les dépenses prévues à cette dotation. Si il faut ajouter à cela le retard des décaissements et le taux de change décadent, le gouvernement place la représentation nationale dans une situation de grande précarité. Kamerhe a salué le rapport financier tout en soulignant les défis liés à la réduction du train de vie des institutions et à l’équité dans l’exécution des ressources budgétaires.

Cependant, cette transparence ne masque pas les tensions politiques sous-jacentes. L’interpellation avortée du ministre de l’ITPR, Alexis Gisaro, illustre l’incapacité du Parlement à exercer pleinement son rôle de contrôle. Kamerhe, en dénonçant publiquement ces dysfonctionnements, semble vouloir alerter sur un déséquilibre systémique qui affecte non seulement le Parlement, mais aussi la gouvernance globale du pays.

Les modifications budgétaires opérées par le gouvernement, comme la majoration des salaires des militaires sans consultation du Parlement, reflètent une fracture institutionnelle profonde. Kamerhe a rappelé que le respect des affectations budgétaires est essentiel pour garantir l’équilibre et la justice dans la gestion des ressources publiques. Ses déclarations mettent en lumière les défis auxquels le Parlement est confronté, notamment les influences politiques intenses qui limitent sa capacité à agir avec sérénité.

En somme, les lamentations publiques de Vital Kamerhe ne sont pas seulement le reflet d’une crise budgétaire, mais aussi d’une crise politique. Elles posent la question de l’équilibre des pouvoirs dans la gouvernance de la RDC et soulignent les tensions internes au sein de l’Union Sacrée. Ces enjeux, qui dépassent le cadre institutionnel, méritent une attention particulière dans les jours à venir.
Par Thierry Bwongo









