Le ministère de la Santé publique, Hygiène et Prévoyance sociale de la République démocratique du Congo (RDC) a récemment lancé une campagne dont la phrase clef est: « Parier, c’est pas rien ! » pour sensibiliser aux dangers des paris sportifs. Addiction, dettes, conflits familiaux et détresse psychologique figurent parmi les risques soulignés. Cependant, cette initiative gouvernementale suscite de vives critiques, notamment sur les réseaux sociaux, où les Congolais dénoncent une démarche jugée moralisatrice et déconnectée des réalités du pays.
Les réactions en ligne expriment une frustration généralisée. Sur X (ex-Twitter), nombreux sont ceux qui exigent des solutions concrètes plutôt qu’une mise en garde sans alternatives. Le chômage endémique est pointé du doigt comme une cause majeure poussant les jeunes vers les paris sportifs. Pour certains, ces jeux de hasard apparaissent comme un moyen d’échapper à la précarité, bien que d’autres rappellent que l’addiction peut toucher toutes les classes sociales, indépendamment du taux de chômage.


Ce débat soulève aussi la question du personnel médical congolais, lui-même affecté par les paris sportifs. Plusieurs professionnels de santé affirment que leur précarité les contraint à chercher des revenus alternatifs, dénonçant l’abandon des programmes de santé publique. La promesse de gratuité des maternités et les campagnes de vaccination peinent à se concrétiser, alors que les crises sanitaires persistent.
L’absence de régulation est un autre point de tension. Des témoignages indiquent que des enfants de dix ans parient librement, faute de contrôle strict sur l’accès aux salles de jeux. Loin de se limiter à une problématique d’addiction, ces pratiques illustrent les failles législatives entourant le secteur des paris en RDC.


Face à ces critiques, certains remettent en question la pertinence de cette campagne dans un contexte de crise généralisée. Le pays doit faire face aux épidémies de choléra, au paludisme et à la malnutrition infantile, des urgences jugées bien plus préoccupantes. Pour de nombreux citoyens, les paris sportifs ne sont qu’un symptôme parmi d’autres du délitement socio-économique national. Ainsi, l’appel lancé au gouvernement est clair : « Donnez des solutions, pas des problèmes ».
Par Botamba Sésé Séko









