L’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications du Congo (ARPTC) a officialisé ce jeudi l’octroi d’une licence de réseau et de services de télécommunications à Starlink DRC S.A., filiale de SpaceX, la société spatiale fondée par l’entrepreneur américain Elon Musk. Cette décision marque un tournant historique pour la République Démocratique du Congo (RDC), où l’accès à Internet reste un défi majeur, en particulier dans les zones rurales.

Starlink, service d’Internet haut débit par satellite, repose sur une constellation de plus de 6 750 satellites en orbite basse. Cette innovation contourne les limites des infrastructures terrestres, promettant une couverture nationale étendue, y compris dans les régions reculées. Déjà déployé dans une cinquantaine de pays, dont plusieurs en Afrique (Kenya, Nigeria, Rwanda), le service pourrait révolutionner la connectivité en RDC, où moins de 25 % de la population a accès à Internet.

Les avantages potentiels sont immenses : une connexion stable pour pallier les coupures fréquentes des réseaux classiques, un levier pour l’éducation en ligne, la télémédecine ou encore l’entrepreneuriat numérique. « C’est une porte ouverte vers l’inclusion numérique pour des millions de Congolais », souligne un expert local des technologies.
Cependant, des interrogations subsistent. Le coût du kit d’installation (600 dollars) et l’abonnement mensuel (50 dollars) représentent un obstacle pour une population où le revenu moyen avoisine 2 dollars par jour. « Comment rendre cette technologie accessible aux ménages et aux petites entreprises ? », interroge une ONG locale. Par ailleurs, des voix s’élèvent sur les risques de dépendance technologique et les enjeux de cybersécurité, dans un contexte où la souveraineté numérique est devenue un sujet sensible.

Vue d’une parabole Starlink

Cette autorisation met fin à plusieurs mois de flou juridique. En mars 2024, l’ARPTC avait alerté sur des utilisations illégales de terminaux Starlink, exigeant leur régularisation. Aujourd’hui, l’officialisation s’inscrit dans un vaste plan de modernisation des infrastructures numériques, soutenu par des partenariats internationaux. Elle intervient aussi à un moment stratégique : la RDC négocie des contrats majeurs pour l’exploitation de ses minerais critiques (cobalt, cuivre), essentiels à la transition énergétique mondiale.

Pour les observateurs, cette licence dépasse le cadre des télécommunications. Une connectivité robuste est un prérequis pour attirer les investisseurs étrangers, notamment américains, dans un pays riche en ressources mais confronté à des défis logistiques. Les industries minières, par exemple, ont besoin d’une connexion fiable pour la gestion automatisée, l’analyse de données ou la logistique. « Starlink pourrait positionner la RDC comme un partenaire technologique crédible dans la chaîne d’approvisionnement mondiale », analyse un consultant économique.

Les services de Starlink devraient être opérationnels dans les prochains jours, selon l’ARPTC. Reste à voir comment le marché réagira. Les opérateurs locaux, critiqués pour leurs tarifs élevés et leur couverture inégale, pourraient être contraints de revoir leur modèle face à ce concurrent venu du ciel.

Alors que la RDC s’apprête à entrer dans une nouvelle ère numérique, les attentes sont immenses. Si Starlink parvient à concilier performance et accessibilité, il pourrait catalyser une transformation économique et sociale profonde. Mais le succès dépendra aussi de la capacité des autorités à encadrer son déploiement, en équilibre entre ouverture technologique et souveraineté nationale.

Par la Rédaction

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