Le départ de Jules Alingete de l’Inspection Générale des Finances (IGF) marque un tournant, mais certainement pas un relâchement dans la traque des délinquants financiers. Ceux qui s’imaginent que son absence signale une accalmie risquent une grande désillusion. Son successeur, Christophe Bitasimwa Bahii, incarne une continuité dans la rigueur et l’exigence de transparence. Son parcours illustre une compétence indiscutable pour jouer pleinement le rôle de gendarme des finances publiques.
Docteur en économie et développement, diplômé de l’Université catholique du Congo, Bitasimwa Bahii n’est pas un inconnu dans la gestion économique du pays. Il a occupé des postes stratégiques dans les administrations publiques et entreprises congolaises. Son adjoint, Emmanuel Tshibingu Nsenga, inspecteur des finances depuis 1988 et homme d’Église, apporte une assise morale supplémentaire à l’IGF. Ensemble, ils forment un tandem qui devrait continuer à imposer la rigueur dans la gestion des deniers publics.
Cependant, au-delà de cette succession, une question demeure : que réserve l’avenir pour Jules Alingete ? À 61 ans, il prend officiellement sa retraite, mais son influence pourrait bien perdurer. Dans un contexte où la RDC cherche à se repositionner sur l’échiquier international, notamment à travers ses relations avec les États-Unis, la question de la gouvernance devient primordiale.
Le partenariat stratégique entre Kinshasa et Washington, basé sur l’échange « sécurité contre minerais », impose une gestion transparente et une gouvernance exemplaire. La RDC ne peut se permettre de faillir sur ce point, au risque de compromettre ses intérêts économiques et diplomatiques. Face à cette exigence, certains voient en Alingete une figure incontournable pour incarner la rigueur et rassurer les partenaires internationaux.
Le voisin rwandais, souvent cité comme modèle en matière de gouvernance, impose à la RDC une remise en question profonde. La transparence et la discipline restent des éléments déterminants pour éviter une intégration passive du Rwanda dans la chaîne d’approvisionnement minière. Redorer l’image du pays est essentiel, et qui mieux qu’un homme dont l’intransigeance a traversé les frontières pour mener cette mission ?
Si l’ordonnance présidentielle acte sa retraite, nombreux sont ceux qui pensent qu’il n’a pas dit son dernier mot. Son parcours et son aura pourraient bien l’amener à briguer une fonction encore plus stratégique, peut-être même à la tête de l’exécutif. Après tout, un alligator privé de sa queue peut toujours mordre autrement.
Par Thierry Bwongo









