Kinshasa, 24 mai 2025 – Après plusieurs années de réserve, Joseph Kabila a pris la parole dans une adresse publique marquant son retour sur la scène politique. Se présentant comme un témoin inquiet du délitement institutionnel et du désespoir croissant du peuple congolais, l’ancien président a dénoncé ce qu’il qualifie de « décomposition systémique » du pays sous la gestion actuelle.
Dans un discours à forte tonalité critique, Kabila a affirmé que « la République Démocratique du Congo est gravement malade », estimant que « son pronostic vital est engagé ». Il a justifié sa sortie du silence par une responsabilité historique, affirmant que « continuer à me taire m’aurait rendu poursuivable devant le tribunal de l’histoire, pour non-assistance à plus de cent millions de compatriotes en danger ».
Une critique sévère du bilan actuel
Joseph Kabila est revenu sur son héritage politique, arguant qu’à la fin de son mandat en 2019, il avait laissé un « pays réunifié, largement pacifié, doté d’une Constitution progressiste et d’institutions fonctionnant harmonieusement ». Il a déploré qu’en six ans, cet équilibre ait été détruit par une gouvernance qu’il juge marquée par « l’ivresse du pouvoir sans limite » et « la concentration du pouvoir entre les mains d’un seul homme au mépris du Pacte Républicain ».
Il a également dénoncé l’affaiblissement du rôle du Parlement, l’accusant d’avoir « abdiqué de sa mission constitutionnelle de contre-pouvoir », se transformant en « simple chambre d’enregistrement ». Une critique directe envers les institutions qui, selon lui, ne garantissent plus l’expression législative du souverain primaire.
Un appel à la refondation de l’État
Face à cette situation, Kabila a proposé un « pacte citoyen » en douze points, visant à restaurer l’État de droit et à réconcilier la nation. Il a également mis en lumière les tensions sécuritaires à l’Est, accusant Kinshasa d’avoir « abandonné » les populations locales et annoncé son intention de se rendre à Goma, malgré les controverses entourant sa présence dans cette région.
Une posture de militaire et de défenseur de l’intégrité nationale
Rappelant son parcours, l’ancien président a souligné son engagement envers la nation, affirmant : « Militaire, j’ai juré de défendre la patrie jusqu’au sacrifice suprême ». Il a aussi pris position sur le phénomène des Wazalendo, une milice en plein essor, la qualifiant de « secte politico-militaire », laissant entendre qu’elle pourrait constituer une menace à l’ordre républicain.
Conséquences politiques possibles
Joseph Kabila, par cette prise de parole, sort de son silence avec une posture clairement critique, ce qui pourrait avoir des répercussions sur l’équilibre politique en RDC. Son discours pose la question de son rôle futur : s’agit-il d’un simple avertissement ou du prélude à un retour actif ? Ce positionnement pourrait rallier certains opposants mécontents de la gouvernance actuelle, et raviver la ferveur d’une partie de sa base politique qui voit en lui un recours face à la crise institutionnelle.
Dans un climat de tensions croissantes, cette intervention, diffusée après la levée de ses immunités pour être mis à la disposition de la justice militaire, sonne comme une acceptation du nouveau rôle qu ‘il est obligé de jouer dans ce paysage politique, celui d’opposant. L’avenir dira si Kabila compte traduire son discours en action politique concrète ou s’il s’agit simplement d’un appel à la prise de conscience. Une chose est certaine : son retour dans l’arène publique change la dynamique politique congolaise.
Par la Rédaction









