Kinshasa – Malabo, 7 juin 2025 – Le retrait du Rwanda de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) est la claque du week-end pour le régime de Kagame, dans l’équilibre diplomatique régional. Alors que Kigali justifie sa sortie par des dissensions internes liées à la présidence tournante de l’organisation, l’événement reflète en réalité un bouleversement plus profond : une montée en puissance diplomatique de la République Démocratique du Congo face à un Rwanda de plus en plus isolé.

Les derniers mois ont vu la RDC consolider sa position sur l’échiquier international. Membre influent des instances décisionnelles des Nations Unies, Kinshasa bénéficie désormais d’une attention renouvelée de la part des puissances mondiales. Les États-Unis et le Qatar, en quête d’alliés stratégiques sur le continent, observent avec intérêt son rôle croissant en Afrique centrale.

Communiqué de presse du Rwanda

Cette reconnaissance internationale se traduit par un renforcement des soutiens politiques et économiques. Kinshasa, qui mène un combat diplomatique contre le groupe armé M23, accusé d’être soutenu par Kigali, a su imposer ses préoccupations sécuritaires comme un enjeu global. Plusieurs États appuient désormais ses revendications et s’alignent sur ses positions concernant la stabilisation de la région.

À l’inverse, le Rwanda semble perdre du terrain. Longtemps perçu comme un modèle de stabilité et de développement économique, le pays voit son image ternie par les exactions attribuées au M23 et aux Forces de défense rwandaises dans l’Est du Congo. L’Union européenne, autrefois bienveillante envers Kigali, commence à considérer son soutien comme un fardeau, alors que les violations des droits humains commises par les groupes armés liés au Rwanda sont régulièrement dénoncées.

Photo de famille du sommet de la CEEAC

En outre, plusieurs puissances critiquent l’ambition supposée du régime rwandais de redéfinir les frontières issues de la Conférence de Berlin, une accusation qui fragilise encore plus la position internationale de Kigali. Face à ces pressions, le silence circonspect de l’Union africaine semble confirmer un isolement grandissant du pays des mille collines.

Alors que le sommet conjoint entre la SADC et la CAE, prévu le 8 juin à Dar es Salaam, abordera les tensions régionales, la nouvelle dynamique diplomatique pourrait accélérer une recomposition des rapports de force sur le continent. Si la RDC parvient à maintenir ses acquis diplomatiques et sécuritaires, elle pourrait jouer un rôle central dans les grandes décisions politiques africaines à venir.

Logo de la CEEAC

Le retrait du Rwanda de la CEEAC apparaît dès lors comme une manifestation d’un repli stratégique, témoignant de la perte progressive d’influence d’un acteur autrefois incontournable. L’Afrique centrale est à l’aube d’un nouvel équilibre, où Kinshasa pourrait bien prendre les rênes de la diplomatie régionale.

Par Thierry Bwongo

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