Dans un développement diplomatique majeur, Washington intensifie sa pression sur Kigali. Selon une enquête exclusive de l’agence Reuters publiée ce mardi 10 juin 2025, les États-Unis ont formellement demandé au régime de Paul Kagame de retirer ses troupes opérant aux côtés du groupe rebelle M23 sur le sol congolais. Cette exigence s’inscrit dans le cadre des efforts internationaux visant à stabiliser l’est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à des conflits armés alimentés par des ingérences étrangères.

Cette demande américaine représente une évolution stratégique dans la crise qui oppose Kinshasa et Kigali depuis plusieurs années. Jusqu’ici, malgré les condamnations internationales et les accusations portées par l’ONU sur le soutien militaire du Rwanda aux rebelles du M23, aucune mesure coercitive significative n’avait été prise contre le régime rwandais. La fermeté affichée par Washington pourrait marquer un tournant diplomatique et contraindre Kagame à revoir ses positions.

Selon des sources diplomatiques, cet accord de paix s’accompagne d’un volet bilatéral clé : la possibilité pour le Rwanda d’acquérir légalement des minerais congolais à des prix préférentiels pour les transformer sur son territoire. Cette disposition pourrait apaiser les tensions économiques sous-jacentes qui ont longtemps alimenté les convoitises régionales et exacerbé le conflit.

L’issue de cette négociation dépasse le simple cadre de la RDC et du Rwanda. Elle s’inscrit dans un jeu d’influence plus large, où les États-Unis cherchent à rééquilibrer leurs relations avec l’Afrique centrale tout en limitant les ingérences étrangères, notamment celles de puissances comme la Chine et la Russie, qui renforcent leurs liens avec Kigali et Kinshasa.

Si le régime rwandais accepte ces conditions, cela pourrait favoriser une désescalade militaire et ouvrir la voie à une coopération économique plus structurée entre les deux pays. À l’inverse, un refus de Kigali risquerait d’intensifier la pression internationale et d’entraîner des sanctions économiques ciblées.

Alors que la communauté internationale attend une réponse officielle du gouvernement rwandais, plusieurs observateurs s’interrogent sur la marge de manœuvre de Kagame. Acceptera-t-il de se plier aux exigences américaines et de retirer ses troupes, ou cherchera-t-il à négocier une issue plus avantageuse ?

La réponse du Rwanda à cette injonction sera déterminante pour l’avenir de la région. Quelle que soit l’issue des négociations, une chose est sûre : cette position ferme des États-Unis redéfinit les rapports de force et pourrait bien redistribuer les cartes du jeu diplomatique en Afrique centrale.
Par Didier Mbongomingi

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