La prise en charge des sinistrés de la Ville-Province de Kinshasa demeure un défi complexe, marqué par un manque de coordination et une confusion administrative entre les différents ministères impliqués. Les pluies diluviennes des 4 et 5 mai 2025 ont provoqué des pertes humaines considérables et laissé environ 13 000 personnes sans abri, accentuant une crise humanitaire qui peine à être résolue.

En théorie, le Ministère des Affaires Sociales, Actions Humanitaires et Solidarité Nationale est légalement chargé de superviser les programmes d’assistance, de contrôler les ONG impliquées et de coordonner l’insertion des victimes de catastrophes naturelles. Son rôle consiste également à mobiliser des financements et à organiser l’aide en collaboration avec des partenaires nationaux et internationaux. Ce cadre réglementaire, défini par l’ordonnance du 7 janvier 2022, aurait dû garantir une gestion efficace des catastrophes naturelles.
Cependant, une cellule informelle créée au sein du Ministère de l’Intérieur tente de s’attribuer ces responsabilités sans cadre légal précis. Cette initiative, qui ne repose sur aucun décret ou arrêté interministériel, fragilise la prise en charge des sinistrés et alimente la confusion. L’absence de coordination officielle entraîne une dispersion des ressources et une inefficacité dans la mise en œuvre des secours.

Le Ministère des Affaires Sociales avait proposé un plan de réponse humanitaire d’un montant de 32 milliards de francs congolais pour couvrir les besoins des sinistrés durant trois mois. Pourtant, l’essentiel de cette enveloppe a été redirigé vers le Ministère de l’Intérieur, laissant au ministère chargé des affaires sociales à peine cinq pour cent du budget initialement prévu. Cette somme limitée n’a permis que de subvenir aux besoins alimentaires et matériels des sinistrés présents à Kinshasa et dans le territoire de Kasangulu, au Congo Central.
Cette mauvaise répartition des ressources a conduit une partie de la population à attribuer à tort au Ministère des Affaires Sociales la responsabilité de l’indemnisation des victimes, alors qu’une telle mission ne relève pas de ses attributions. Cette confusion accentue l’instabilité administrative et entrave la mise en place d’une réponse efficace aux catastrophes naturelles.

La gestion humanitaire des catastrophes dans la capitale est aujourd’hui caractérisée par des rivalités institutionnelles, un manque de transparence et une insuffisance de moyens. Si aucune mesure corrective n’est prise, les sinistrés resteront les principales victimes de cette désorganisation administrative, avec des conséquences qui pourraient s’aggraver à chaque nouvelle catastrophe.
Par Didier Mbongomingi









