Depuis plusieurs semaines, l’absence prolongée du président rwandais Paul Kagame suscite de nombreuses interrogations. Son état de santé et sa localisation exacte restent flous, tandis que les rumeurs prolifèrent. Certaines évoquent une possible hospitalisation en Allemagne, d’autres affirment l’avoir aperçu en Algérie le 3 juin 2025. Pourtant, une apparition récente vient nuancer ces spéculations.

Le mercredi 7 mai, Paul Kagame a discrètement rencontré son homologue français Emmanuel Macron à l’Élysée. Cette visite, non annoncée à l’avance, était officiellement de nature privée, selon le Quai d’Orsay et des sources officielles rwandaises. Elle a toutefois permis des échanges sur la coopération entre Kigali et Paris, ainsi que sur les grandes questions internationales. Les tensions croissantes avec la République démocratique du Congo auraient également été abordées, selon RFI.Malgré cette apparition, le mystère persiste. Depuis son allocution publique du 16 mars 2025, où il dénonçait les menaces extérieures pesant sur le Rwanda, Kagame a maintenu un profil extrêmement bas. Cette discrétion contraste avec son image habituelle de dirigeant actif sur la scène diplomatique.

Certains observateurs estiment que cette discrétion pourrait s’expliquer par les tractations diplomatiques intenses autour de la crise dans l’est de la RDC. Au cœur des tensions : l’exigence de Kigali que Kinshasa engage un dialogue direct avec les rebelles du M23, désormais intégrés au sein de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC). Une condition que la RDC continue de rejeter publiquement.

Pourtant, des signaux indiquent que des échanges indirects sont en cours. À Doha, des discussions exploratoires ont été menées sous médiation qatarie, impliquant des représentants des différentes parties. Dans le même temps, la cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, s’est rendue à Goma, où elle a rencontré les leaders de l’AFC/M23, illustrant les efforts internationaux pour contenir l’escalade.Washington, quant à lui, a posé une exigence ferme pour appuyer tout accord de paix entre Kigali et Kinshasa : le retrait immédiat et vérifiable des troupes rwandaises du territoire congolais. Une condition qui complique encore davantage les négociations et pourrait expliquer le retrait temporaire de Kagame de la scène publique.

Si cette situation venait à perdurer, le Rwanda pourrait être amené à activer les mécanismes constitutionnels prévus en cas d’incapacité du chef de l’État. Le Premier ministre ou un autre haut responsable pourrait alors assurer l’intérim, garantissant la continuité de l’État.

La disparition médiatique de Paul Kagame reste à ce jour une énigme politique aux implications régionales majeures. Entre retrait stratégique, manœuvres diplomatiques et spéculations sur sa santé, seules les prochaines déclarations officielles permettront de lever le voile sur cette affaire.

Par Thierry Bwongo

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