La 59e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève a été marquée par un échange particulièrement tendu entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, autour du conflit persistant dans l’Est congolais. Les deux pays se sont mutuellement accusés de déstabilisation et de violations, dans un climat régional toujours explosif.

Dans une déclaration officielle, le Rwanda a rejeté toute implication dans l’instabilité à l’Est de la RDC, estimant que les causes principales sont internes à Kinshasa : mauvaise gouvernance, insécurité chronique et incapacité à contrôler les groupes armés.Kigali a accusé Kinshasa de collaboration avec les FDLR (rebelles hutus rwandais), de violations de son espace aérien, et de disparitions de ressortissants rwandais. Le Rwanda s’est également alarmé des discours de haine visant les populations rwandophones en RDC, y voyant une dérive dangereuse. Enfin, Kigali a dénoncé des appels présumés au changement de régime, émanant de la RDC et du Burundi, et demandé une mission d’enquête indépendante pour rétablir la vérité.

La RDC a répondu en accusant Kigali de soutenir activement le M23, désigné comme l’auteur principal des violences actuelles dans le Nord-Kivu, avec un appui militaire et logistique largement documenté par les Nations unies et plusieurs ONG.

Chantal Chambu Mwavita, Ministre des Droits humains de la République démocratique du Congo

Kinshasa admet la présence des FDLR sur son sol mais rejette toute alliance. Elle dénonce l’occupation de plusieurs localités par le M23, à l’origine de déplacements massifs de civils, et réclame leur retrait immédiat. La RDC affirme distinguer clairement les Rwandophones congolais des groupes armés, et récuse tout discours étatique à caractère haineux.

Un rapport alarmant sur les violations des droits humainsLa tension diplomatique s’est doublée d’un constat accablant. Lors de cette même session, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a présenté la mise à jour orale de la mission d’établissement des faits en RDC. Il a décrit « des violations d’une ampleur et d’une étendue effroyables » commises dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

Volker Türk Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme

Un rapport préliminaire du Conseil pointe notamment des crimes commis par le M23, mais aussi par les FARDC (forces armées congolaises) et les milices Wazalendo, lors de plusieurs affrontements, dont ceux survenus autour de Goma. Exécutions extrajudiciaires, violences sexuelles, enrôlements forcés et attaques contre des civils sont au cœur des accusations.

Ce double front — diplomatique et humanitaire — souligne l’urgence d’une solution politique durable. La multiplication des acteurs armés, les interventions étrangères et l’absence d’un dialogue sincère continuent d’alimenter le chaos.

Dans ce contexte, la communauté internationale est appelée à intensifier ses efforts pour obtenir le respect du droit international, le retrait des groupes armés, et la protection des civils pris au piège d’une guerre aux causes aussi politiques qu’économiques.

Par Thierry Bwongo

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