Plus de 64 ans après l’assassinat brutal de Patrice Emery Lumumba, l’enquête judiciaire en Belgique connaît un tournant majeur. Un diplomate belge à la retraite, âgé de 92 ans et présenté comme le dernier survivant directement impliqué, est désormais accusé d’avoir participé à la torture du leader congolais avant sa mort, survenue en janvier 1961.

Patrice Emery Lumumba le jour de son arrestation
Patrice Emery Lumumba / premier 1er ministre de la RDC

Identifié depuis longtemps dans les archives de la commission d’enquête parlementaire de 2001, Étienne Davignon aurait été présent au Katanga dans les jours précédant l’exécution de Lumumba. Selon plusieurs témoignages et documents récemment déclassifiés, il aurait joué un rôle actif dans les interrogatoires violents subis par l’ancien Premier ministre congolais avant sa remise aux autorités sécessionnistes katangaises.

Le parquet fédéral belge, qui instruit le dossier depuis 2012 dans le cadre de la loi sur la compétence universelle, a confirmé l’ouverture d’une phase préjudiciaire à son encontre. Son audition récente ravive l’espoir pour la famille Lumumba et les défenseurs de la mémoire du héros de l’indépendance.

« C’est un moment historique. Nous attendons depuis plus de 60 ans que justice soit rendue », a déclaré Roland Lumumba, son fils. « Cet homme est peut-être le dernier à pouvoir dire la vérité. »

Étienne Davignon

La lenteur du processus judiciaire est toutefois pointée du doigt. L’âge avancé de l’accusé soulève également des interrogations quant à sa capacité à comparaître. Pour les ONG et les historiens, même une reconnaissance officielle de sa responsabilité représenterait une avancée significative.

Si la Belgique a déjà reconnu sa « responsabilité morale » dans l’assassinat de Lumumba, ce dossier judiciaire est perçu comme une opportunité de vérité et de réparation juridique. Alors que les blessures du passé colonial demeurent sensibles, le sort de ce diplomate pourrait bien marquer le dernier chapitre d’un drame longtemps étouffé.

Tous les regards se tournent désormais vers l’année 2026, possible date d’ouverture de son procès.

Par Guyroger Tshitenge

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