Kinshasa, 19 juin 2025 — Au lendemain du paraphe d’un accord de paix entre les équipes techniques de la République démocratique du Congo et du Rwanda, les premières réactions ne se sont pas fait attendre. Si le texte marque une avancée diplomatique après des mois de tensions, il suscite aussi une vague d’inquiétudes, notamment autour de la question de l’intégration des groupes armés non étatiques, dont le controversé M23.

Selon la porte-parole du président congolais, cette “intégration conditionnelle” ne s’entend que dans le cadre du Programme de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS), déjà inscrit dans le processus de Nairobi. Elle a insisté sur le fait que cela “reflète la position de Kinshasa quant au respect de ce processus régional”.

Mais sur le terrain comme dans les milieux d’analystes, le scepticisme domine. “Le M23 n’a jamais respecté les accords de Nairobi. Aujourd’hui, après avoir conquis militairement une vaste portion du territoire congolais, pourquoi feraient-ils preuve de bonne foi ?”, s’interroge un observateur indépendant.

Autre point de friction : le flou autour de l’applicabilité de cette exigence d’intégration. S’adresse-t-elle uniquement à la RDC et aux groupes rebelles opérant sur son sol, ou concerne-t-elle aussi le Rwanda et les FDLR, que Kigali accuse d’être tolérés par Kinshasa ? L’accord ne le dit pas clairement.

Et c’est bien là le cœur du problème. Le texte signé n’est pas un traité juridiquement contraignant, mais un cadre politique définissant des principes généraux : non-ingérence, coopération sécuritaire, retour des déplacés… Il ne prévoit ni calendrier clair pour le désarmement du M23, ni engagement ferme sur le retrait des troupes rwandaises, encore moins de garanties internationales vérifiables.

À ce stade, le document ressemble davantage à un socle de négociation qu’à une solution définitive. Le statut du M23 — entre rébellion armée, groupe communautaire et prétention politique — reste non défini. Ce flou alimente les inquiétudes, alors que la RDC continue de faire face à une crise sécuritaire majeure dans l’Est du pays.

La signature ministérielle officielle est prévue à Washington le 27 juin prochain, sous l’égide des États-Unis. Mais déjà, une partie de l’opinion congolaise redoute que ce cadre diplomatique ne soit un nouvel accord sans suite concrète.

Par Thierry Bwongo

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