Le gouvernement congolais poursuit sa stratégie de visibilité internationale à travers le sport en concluant deux partenariats majeurs avec des clubs européens : l’AS Monaco et l’AC Milan. Mais au-delà des ambitions diplomatiques et marketing affichées, une partie croissante de l’opinion s’interroge sur la pertinence de tels investissements alors que le football local est en état de délabrement avancé.
Le plus récent accord lie la RDC au club français AS Monaco pour une durée de trois ans. Présenté comme un levier de promotion internationale, ce contrat de 4,8 millions d’euros reste flou sur ses modalités concrètes. Selon le ministre des Sports, Didier Budimbu, il vise à accroître l’image de la RDC via une présence accrue sur la scène sportive mondiale.
Mais dans un pays où les stades sont délabrés, les clubs manquent cruellement de moyens, et les championnats se déroulent dans une précarité organisationnelle chronique, beaucoup y voient un choix mal placé.
Plus ancien, le partenariat avec l’AC Milan est porté par le ministère du Tourisme. Il s’appuie sur des campagnes comme “Explorez la RDC” ou “Paix en RDC” pour redorer l’image du pays. Ici, le sponsoring devient outil de “nation branding” plus que de développement sportif.
Mais là aussi, la critique fuse : quelle paix vanter à l’international pendant que les clubs de la Linafoot survivent sans soutien structurel, que les terrains d’entraînement sont impraticables, et que les jeunes talents partent faute d’opportunités ?
Pour de nombreux passionnés de football congolais, ces accords sont perçus comme des opérations de prestige déconnectées de la réalité. L’investissement dans le sponsoring étranger aurait, selon eux, pu relancer un championnat national à l’agonie, structurer les ligues régionales, ou encore remettre à niveau les infrastructures vétustes.
« On nous parle d’image à l’étranger, mais qu’en est-il de la dignité du football local ? », s’indigne un supporter de Kinshasa. « Nos joueurs jouent parfois sans salaire, et on donne des millions à des clubs européens ? »
Entre diplomatie sportive et marketing international, ces partenariats offrent certes une tribune à la RDC. Mais à l’heure où les fondations mêmes du sport local s’effritent, leur légitimité reste fragile. La vraie image d’un pays passe-t-elle par un maillot de Ligue 1 ou de Serie A, ou par un championnat national fort, populaire, et bien géré ?
Tant que cette question ne trouvera pas de réponse, ces accords resteront dans l’ombre d’un malaise plus profond.
Par Thierry Bwongo









