Kinshasa, 6 juillet 2025 – Une polémique diplomatique secoue la RDC suite à la signature de l’Accord de paix avec le Rwanda à Washington le 27 juin dernier. L’ancien ministre Thomas Luhaka a adressé une lettre ouverte à la ministre d’État des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba, exprimant de vives inquiétudes quant au contenu du texte. Selon lui, cet accord compromettrait les avancées de la Résolution 2773 de l’ONU, qui exigeait un retrait immédiat et sans conditions des troupes rwandaises du territoire congolais.
Luhaka dénonce particulièrement le lien établi entre le départ des soldats rwandais et la neutralisation des FDLR par l’armée congolaise, inscrit dans le « Plan harmonisé de Luanda » annexé à l’accord. Il craint que cette conditionnalité ne légitime la thèse de Kigali accusant Kinshasa de soutenir les milices hutu, et s’interroge sur l’absence d’engagement contraignant des États-Unis, pourtant parrains de l’accord.

La réponse cinglante du député Tony Muaba Kazadi n’a pas tardé. Dans une réplique publique, il défend l’accord comme un acte de « courage politique réaliste », soulignant que la Résolution 2773 reste juridiquement contraignante. Kazadi reproche surtout à Luhaka son silence sur les exactions du Rwanda et du M23, y voyant une instrumentalisation politique dangereuse en temps de guerre.
Le député rappelle que la ministre Kayikwamba a opté pour une diplomatie pragmatique, intégrant un calendrier de 90 jours et un mécanisme de suivi impliquant l’Union africaine et le Qatar. Pour lui, ce texte évite l’isolement international de la RDC tout en maintenant la pression sur Kigali.
Cette controverse révèle les profondes divisions autour de la stratégie gouvernementale. Si les autorités présentent l’accord comme historique, une frange de l’opposition et de la société civile y perçoit un recul, redoutant un enlisement militaire dans l’Est du pays.

La ministre Kayikwamba, saluée par Luhaka pour ses efforts diplomatiques antérieurs, garde pour l’heure le silence. Ses collaborateurs indiquent qu’elle compte laisser les résultats opérationnels trancher le débat.
Dans les provinces en crise, la population observe ces échanges avec anxiété, partagée entre l’espoir d’une paix fragile et la crainte que les mots ne suffisent pas à chasser les armes de leur terre. L’efficacité du Comité de surveillance conjoint, dont la première réunion est imminente, sera déterminante pour apaiser les doutes.
Par Thierry Bwongo









