Dans les coulisses du football congolais, le CHAN 2024 expose une fracture criante entre ambitions diplomatiques et réalités locales. Depuis le 15 juillet, les Léopards A’ ont entamé leur préparation à Kinshasa dans des conditions qui trahissent un profond désengagement institutionnel. Regroupés à l’hôtel Béatrice, les joueurs affrontent chaque jour une série de manquements logistiques : absence de repas réguliers, manque de transport, équipements recyclés, et tenues de détente inexistantes. Ce quotidien heurté contraste violemment avec l’image d’une nation censée défendre ses couleurs dans une compétition continentale.
Jeudi dernier, les joueurs se sont entraînés l’estomac vide, révélant une organisation défaillante. Vendredi, aucun bus n’était disponible pour les conduire à l’entraînement, illustrant le manque de coordination entre les structures en charge de l’équipe. Sur le terrain comme en dehors, la sélection évolue dans un climat précaire, loin de l’esprit de compétitivité requis à ce niveau.

Plus alarmante encore est l’absence de communication officielle. Ni la FECOFA, ni le ministère des Sports n’ont pris la peine d’expliquer les dysfonctionnements ou de rassurer les supporters. Aucune stratégie publique n’a été annoncée pour améliorer la situation, laissant l’opinion publique dans l’expectative et les joueurs dans l’incertitude. Ce silence interroge : comment une nation peut-elle prétendre à l’excellence sportive sans reconnaître la dignité de ses représentants ?
Le contraste est d’autant plus saisissant que d’importants financements ont été récemment alloués au sponsoring de clubs européens, sous couvert de diplomatie sportive. À coups de dollars congolais, des campagnes de visibilité ont été lancées à l’étranger, pendant que la sélection locale ploie sous le poids de la négligence. Ce choix stratégique soulève des questions sur les priorités gouvernementales et sur la compréhension réelle du soft power sportif : peut-on rayonner à l’international quand les fondations nationales sont ébranlées ?

Le CHAN est pourtant une vitrine essentielle pour valoriser le football africain basé sur les talents locaux. La RDC, double vainqueur de la compétition, ne peut s’y présenter en victime sans trahir son histoire et son potentiel. Le manque de respect dont souffrent les Léopards A’ compromet non seulement leur performance mais également l’image d’un pays à la recherche de crédibilité sur la scène sportive africaine.
À moins d’un sursaut rapide, les promesses officielles resteront lettre morte. Et avec elles, l’honneur national risquera de s’effacer dans une galère quotidienne devenue trop banale pour susciter l’indignation.
Par la rédaction









