L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti présidentiel en République démocratique du Congo, fait face à une nouvelle crise qui met à nu les fissures de son leadership. L’affaire qui trouble le Haut-Katanga repose sur la disparition controversée de Jacques Kyabula Katwe, gouverneur de la province, convoqué début juillet à Kinshasa par le ministre de l’Intérieur Jacquemain Shabani. Depuis cette convocation restée sans réponse, Kyabula n’a plus donné signe de vie, et l’intérim a été confié à son vice-gouverneur, Martin Kazembe. Tandis que certains évoquent une fuite vers Goma ou l’Afrique du Sud, d’autres soupçonnent des manœuvres politiques en coulisses.

Jacques Kyabula gouverneur du Haut-Katanga recherché par les services de sécurité congolais

Augustin Kabuya, secrétaire général intérimaire de l’UDPS, s’est montré particulièrement véhément face à cette situation. Il accuse le ministère de l’Intérieur de sous-traiter les ennemis du parti pour nuire à son image. Selon lui, la convocation de Kyabula et les spéculations sur sa disparition relèvent d’une stratégie visant à affaiblir l’UDPS dans une région cruciale où Moïse Katumbi conserve une influence significative.

L’affaire prend une tournure plus grave avec les révélations de Perro Luwara, journaliste en exil en Europe et fervent opposant au régime. Dans une émission diffusée sur les réseaux sociaux, ce dernier affirme détenir des sources confirmant que c’est Augustin Kabuya lui-même qui aurait facilité la fuite de Kyabula en l’informant d’une éventuelle arrestation s’il se rendait à Kinshasa. Ces accusations, relayées par Kabuya lors d’un rassemblement politique où il projeta ladite émission sur écran géant devant des centaines de militants, ont accentué les fractures au sein de la base du parti. Kabuya dénonce une trahison orchestrée par Jacquemain Shabani, qu’il soupçonne de manipulations pour régler des comptes internes en utilisant les adversaires du régime.

Hon. Augustin Kabuya SG et Pdt A.I de l’UDPS

Ce bras de fer entre Kabuya et Shabani s’inscrit dans un climat de rivalités déjà intense. Depuis 2024, l’UDPS est secoué par une lutte de leadership opposant Kabuya à Déogratias Bizibu. La Convention démocratique du parti a déchu Kabuya de ses fonctions, mais ce dernier continue de signer des décisions et de mobiliser des militants. Les affrontements entre factions rivales ont été marqués par des violences, notamment la mort de Kabasele Wampanga, militant pro-Bizibu, battu lors d’un accrochage.

Dans ce tumulte, les propos tenus par Augustin Kabuya en 2024 ressurgissent et éclairent les choix stratégiques du parti. Lors d’un meeting visant à calmer les tensions au sein de la fédération du Haut-Katanga, Kabuya affirmait avoir propulsé Kyabula à la tête de la province afin de récupérer des voix face à Katumbi, notamment en misant sur la popularité de Kyabula et de son club Lupopo. Il conseillait aux militants Kasaïens de ne pas interférer dans la politique locale, déclarant : « Vous n’êtes pas des autochtones. Laissez les Katangais gérer leurs affaires. […] Vous êtes allés au Katanga pour chercher du travail, ne vous mêlez pas de choses qui ne vous regardent pas ». Des propos clivants, révélateurs d’une stratégie identitaire et électoraliste.

L’épisode Kyabula apparaît alors comme la dernière manifestation des tensions internes et des incohérences stratégiques qui fragilisent le parti présidentiel. À mesure que les ambitions individuelles s’exacerbent et que les accusations croisées s’intensifient, l’UDPS peine à se doter d’une gouvernance claire, cohérente et unifiée. À trois ans des élections de 2028, le parti semble plus divisé que jamais, incapable de projeter l’image d’une force politique capable d’incarner l’unité et la stabilité nationale..

Par la Rédaction

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