Le lundi 28 juillet 2025, Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo, est arrivé à Genève pour participer à la 6ᵉ Conférence mondiale des Présidents de Parlement. Organisée conjointement par l’Union interparlementaire (UIP) et les Nations Unies, cette rencontre de haut niveau se déroule au Palais des Nations et réunit des leaders parlementaires du monde entier autour des questions fondamentales de paix, de développement et de gouvernance démocratique.

Ce déplacement s’inscrit dans une série de voyages diplomatiques qu’a entrepris Vital Kamerhe depuis son accession à la tête de la chambre basse du Parlement congolais. Il poursuit ainsi une stratégie de diplomatie parlementaire engagée, visant à faire entendre la voix de la RDC sur les scènes régionales et internationales, notamment sur les violences récurrentes dans l’Est du pays.

Mais ce nouveau chapitre genevois ne peut être dissocié de celui qui s’est joué à Paris quelques semaines plus tôt. Le 13 juillet dernier, lors de la 50ᵉ session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, Kamerhe avait pris part aux discussions en France, suscitant une vive émotion suite à son accolade controversée avec Harerimana Mussa Fazili, député rwandais. Alors que le conflit dans l’Est de la RDC continue d’alimenter les tensions diplomatiques entre Kinshasa et Kigali, ce geste de réconciliation publique fut interprété de manière ambivalente : pour certains, il symbolisait une volonté d’apaisement ; pour d’autres, une concession prématurée sans garanties de justice.

Dans son intervention, Kamerhe avait exprimé la disposition de son pays à envisager la paix avec le Rwanda, recevant une standing ovation des parlementaires présents. Ce discours, en décalage avec la douleur collective encore vive en RDC, a accentué les lignes de fracture entre diplomatie stratégique et mémoire nationale blessée.

Alors qu’il entame les travaux à Genève, Vital Kamerhe sait que ses actes et ses propos sont scrutés à l’aune des enjeux sociopolitiques nationaux. À un mois et demi de la rentrée parlementaire prévue le 15 septembre, les attentes sont grandes. Les députés auront à se pencher sur des dossiers cruciaux : la révision de la loi électorale, les politiques de santé publique face aux épidémies persistantes, les stratégies de sécurisation de l’Est du pays, et les mesures de redynamisation économique dans un contexte préélectoral tendu.

Ce déplacement à Genève apparaît donc à la fois comme un espace de plaidoyer international et comme une mise en tension des équilibres internes. Vital Kamerhe y joue une carte complexe : celle d’un diplomate ambitieux porté par une vision régionale, mais rattrapé par les exigences de transparence, de justice et de cohésion nationale.

Par Thierry Bwongo

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