Un souffle nouveau semble s’élever des rives du fleuve Congo. L’un des projets énergétiques les plus attendus d’Afrique, longtemps retenu par les incertitudes et les reports, entrevoit enfin le jour. Grâce à une diplomatie résolue et active menée par le président Félix Antoine Tshisekedi, la République démocratique du Congo mobilise près de 80 milliards de dollars auprès de partenaires internationaux pour la construction du barrage Inga III.

Ce soutien financier, émanant notamment de la Banque mondiale, de fonds de pension américains et des pays miniers de la SADC, marque un tournant décisif dans l’histoire énergétique du continent. Le projet Grand Inga, qui vise à ériger sept barrages successifs sur le fleuve Congo pour une capacité totale estimée à 70 gigawatts, pourrait propulser la RDC au rang de leader mondial de l’hydroélectricité.
Depuis les premières esquisses dans les années 1990, le projet a suscité de nombreux espoirs. Pourtant, seuls Inga I et II ont été réalisés à ce jour, laissant le rêve du Grand Inga en suspension. Aujourd’hui, la relance d’Inga III, appuyée par un crédit de 250 millions de dollars de la Banque mondiale, amorce une première phase concrète d’un engagement global estimé à un milliard de dollars.

Porté par le programme Mission 300, qui ambitionne de raccorder 300 millions d’Africains à une électricité propre d’ici 2030, le projet est perçu comme une pièce maîtresse du développement régional. Pour Ajay Banga, président de la Banque mondiale, Inga III représente un « élément crucial » capable d’attirer jusqu’à 85 milliards de dollars d’investissements privés.
Outre son immense potentiel énergétique — plus de 40 000 MW à terme, soit deux fois la capacité du barrage des Trois Gorges en Chine — le Grand Inga promet de bouleverser l’accès à l’électricité sur le continent. Il pourrait alimenter non seulement plusieurs États africains, mais aussi des régions du Moyen-Orient et de l’Union européenne, renforçant ainsi l’intégration énergétique mondiale.

La réunion du 3 juillet 2025 à Harare, au Zimbabwe, a confirmé l’intérêt de la SADC pour ce projet et pour le concept connexe de transfert d’eau du fleuve Congo. Ces avancées seront détaillées au prochain Conseil des ministres prévu en août à Madagascar, où de nouvelles étapes devraient être franchies.
Dans un pays longtemps marqué par les pénuries et l’injustice énergétique, le Grand Inga apparaît comme une promesse tangible de lumière. Pour le peuple congolais, il symbolise une renaissance possible, celle d’un avenir fondé sur la justice et la prospérité partagée.
Par Guy Roger Tshitenge









