Le 29 juillet 2025, Alassane Dramane Ouattara, président de la République de Côte d’Ivoire depuis 2011, a annoncé sa candidature à un quatrième mandat présidentiel. À 83 ans, cette décision marque un tournant politique majeur dans un pays où la Constitution de 2016 limite pourtant le nombre de mandats à deux. Ce geste, loin d’être isolé, s’inscrit dans une dynamique régionale préoccupante : celle de la zone CFA, où plusieurs chefs d’État prolongent leur règne au mépris des principes démocratiques.

Paul Biya (92 ans) président du Cameroun et Alassane Ouattara (83 ans) président de la Côte-d’Ivoire tous deux candidats aux prochaines élections présidentielles de leurs pays

La réaction ne s’est pas fait attendre. À Paris, la diaspora ivoirienne s’est mobilisée lors d’une marche historique le 26 juillet, dénonçant ce qu’elle considère comme une dérive autoritaire. Cette mobilisation, portée par la Coalition pour l’Alternance Pacifique en Côte d’Ivoire, incarne une voix citoyenne transnationale qui refuse de rester spectatrice face à ce qu’elle qualifie de confiscation du pouvoir.

Mobilisation de la diaspora ivoirienne contre le quatrième mandat de Alassane Ouattara– Paris le 26 Juillet 2025

Tidjane Thiam, ancien ministre et figure montante de l’opposition, a dénoncé une violation flagrante de la Constitution. Il a souligné que l’annonce de Ouattara coïncidait avec l’interdiction d’une manifestation pacifique, révélant selon lui une volonté délibérée d’étouffer la contestation. Pour Thiam, cette candidature n’est pas seulement illégale, elle est le symptôme d’un pouvoir qui ne tolère plus la contradiction.

Tijane Thiam opposant ivoirien contre la candidature de Ouattara

Nathalie Yamb, militante panafricaniste, a élargi la critique au système électoral de la zone CFA. Elle affirme que croire en une victoire électorale dans des pays comme la Côte d’Ivoire ou le Cameroun relève de l’illusion, tant les régimes en place ont verrouillé les institutions. Selon elle, seule la pression populaire pourra faire plier ces présidences à rallonge.

Nathalie Yamb, militante panafricaniste

Guillaume Kigbafori Soro, ancien Premier ministre et président du mouvement GPS, a qualifié cette candidature de récidive constitutionnelle. Il accuse Ouattara de vouloir pérenniser son pouvoir personnel, quitte à sacrifier la paix sociale et la stabilité du pays. Pour Soro, le peuple ivoirien est désormais face à un choix historique : se soumettre à une dictature assumée ou se lever pour défendre la Constitution.

Guillaume Kigbafori Soro, ancien Premier ministre et président du mouvement GPS

Cette annonce prend une résonance particulière lorsqu’on observe les durées des mandats des présidents ivoiriens depuis l’indépendance. Félix Houphouët-Boigny a dirigé le pays pendant 33 ans, de 1960 à 1993. Laurent Gbagbo a exercé le pouvoir pendant 10 ans, Henri Konan Bédié pendant 6 ans, et Robert Guéï moins d’un an. Alassane Ouattara, quant à lui, cumule déjà 14 années au pouvoir, et ce quatrième mandat porterait son règne à près de deux décennies.

Dans ce contexte, la candidature de Ouattara ne peut être réduite à une simple stratégie électorale. Elle cristallise une tension profonde entre légalité constitutionnelle et volonté de puissance, entre mémoire historique et avenir démocratique. La mobilisation de la diaspora, les prises de position des figures politiques, et le rappel des précédents historiques dessinent les contours d’un affrontement politique majeur. Le peuple ivoirien, dans son territoire comme dans sa diaspora, semble prêt à faire entendre sa voix.

Par la rédaction

Tendances

En savoir plus sur Tropik Infos

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture