Le 2 août 2025, la République Démocratique du Congo s’apprête à commémorer le troisième anniversaire du Genocost, en hommage aux millions de vies brisées par les violences à caractère génocidaire que le pays a endurées depuis des décennies. Sous la coordination de la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka, Kinshasa a été le théâtre, dès le 29 juillet, d’un colloque international sur la reconnaissance des crimes commis en RDC. Juristes, chercheurs et représentants d’institutions nationales et internationales y ont débattu des voies de vérité et de justice, avec en toile de fond l’exigence pressante d’un Tribunal pénal international pour le Congo.

Loin des cercles de décision, dans les villes meurtries comme Beni, la mémoire ne relève pas de la seule commémoration. Elle est quotidienne. Elle est douloureuse. Elle est politique. Elle prend la forme de rafales nocturnes à Mabalako, de camps de déplacés à Beu, de la peur persistante sur le chemin de l’école et du silence qui suit chaque annonce d’attaque. Pour ceux qui y vivent, le Genocost n’est pas qu’un mot. C’est le présent. C’est l’absence de deuil. C’est le poids de l’histoire qui ne passe pas.

Face à cette réalité, l’État congolais intensifie son plaidoyer international, notamment au sein du Conseil des droits de l’homme et de l’Assemblée générale des Nations Unies. L’élaboration d’une stratégie nationale de mémoire et la mobilisation de la diaspora deviennent des enjeux majeurs pour redonner sens à la justice et inscrire durablement le Genocost dans la conscience mondiale.

Dans plusieurs capitales, des cérémonies sont prévues. À Paris, une mobilisation à la Bastille est annoncée par le député Carlos Bilongo. À Londres, des experts partageront leurs témoignages sur le drame congolais. Au Caire, une messe d’action de grâce réunira les fidèles dans la paroisse Saint Joseph. Partout, le même cri s’élève : plus jamais ça.

Le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a déclaré que le Genocost ne se limite pas à la réparation. Il constitue un appel à la vérité, à la justice et à la non-répétition. Ces mots résonnent comme une promesse, mais aussi comme une injonction à tous ceux qui refusent l’oubli. Car un peuple qui n’enterre pas dignement ses morts condamne ses enfants à vivre dans les ruines du silence.

Le Genocost est une blessure ouverte. Demain, le Congo fera mémoire. Et à travers les larmes, les marches, les mots, c’est la vie qui proteste. Parce qu’ici, pleurer les morts, c’est aussi protéger les vivants. Et parce qu’ici, l’indifférence serait une complicité.

Par Thierry Bwongo

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