Entre le 9 et le 21 juillet 2025, quatre villages du territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, ont été le théâtre d’un massacre d’une ampleur inédite. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH), au moins 319 civils, dont 48 femmes et 19 enfants, ont été exécutés sommairement par les rebelles du M23, soutenus par des éléments des Forces de défense rwandaises. Les victimes, pour la plupart des agriculteurs campant dans leurs champs pendant la saison des semis, ont été tuées à l’arme blanche ou par balles, dans une série d’attaques coordonnées. Volker Türk, Haut-Commissaire de l’ONU, a qualifié ces violences de l’un des bilans les plus lourds recensés depuis la résurgence du M23 en 2022.

Volker Türk haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme

La société civile locale, notamment l’organisation Badilika Droits Humains, a dénoncé une intensification des exactions dans les zones d’Ishasha et Nyamilima. Des témoignages font état d’enlèvements massifs, de recrutements forcés de jeunes, et d’une famine organisée par le blocage de l’accès aux champs. À Kiwanja, des familles déplacées décrivent une situation humanitaire catastrophique, aggravée par l’absence totale d’assistance. Les ONG parlent désormais de « famine planifiée », soulignant une stratégie de terreur visant à vider les villages et à contrôler les ressources locales.

Face à cette tragédie, le gouvernement congolais a réagi avec fermeté. Dans un communiqué officiel, Kinshasa accuse le M23/AFC, soutenu par le Rwanda, de graves violations du cessez-le-feu inscrit dans les accords de Doha et de Washington. Il exige l’activation immédiate d’une commission d’enquête internationale pour établir les responsabilités et réaffirme sa détermination à faire toute la lumière sur ces crimes. « La protection des vies humaines reste non négociable. Aucune paix durable ne pourra être construite sans justice ni reddition de comptes », a déclaré le porte-parole du gouvernement.

Des militaires du M23 accusés de massacres dans le Rutshuru

Alors que les accords dedes  paix peinent à produire des effets concrets sur le terrain, les populations de Rutshuru restent piégées entre les groupes armés et un silence diplomatique préoccupant. La documentation minutieuse du BCNUDH pourrait-elle enfin briser le cycle de l’impunité ? Rien n’est moins sûr. Mais une chose est certaine : le massacre de juillet 2025 s’inscrit comme une tache indélébile dans l’histoire tourmentée du Nord-Kivu, et la République démocratique du Congo exige que justice soit rendue.

Par Thierry Bwongo

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