Kinshasa, 13 août 2025 – Dans une frappe ciblée contre le financement de l’instabilité en République démocratique du Congo (RDC), les États-Unis ont imposé hier des sanctions sévères contre un groupe armé notoire et des sociétés minières accusées de trafic de « minerais de conflit ». Cette action, coordonnée par le Département du Trésor et l’Ambassade américaine à Kinshasa, vise directement l’écosystème minier illicite qui alimente la violence dans l’Est du pays, notamment celle perpétrée par le groupe terroriste M23.

Cibler le cœur de l’économie de guerre

Les sanctions, annoncées simultanément par le Trésor américain et l’Ambassade des États-Unis en RDC le 12 août, prennent pour cible plusieurs maillons de la chaîne d’approvisionnement en minerais critiques, essentiels pour l’électronique moderne :

  1. PARECO-FF (Coalition des Patriotes Résistants Congolais-Force de Frappe) : Désigné comme un groupe armé clé contrôlant des sites miniers stratégiques dans la région de Rubaya, riche en minerais critiques. Le Trésor l’accuse d’extorsion (« taxes » illégales), de contrebande de minerais, de recours au travail forcé et d’exécutions de civils. PARECO-FF est présenté comme un acteur majeur de l’instabilité, en compétition ou collusion avec d’autres groupes comme le M23.
  2. CDMC (Cooperative des Artisanaux Miniers du Congo) : Cette société minière congolaise est sanctionnée pour avoir opéré sur la concession minière principale de Rubaya sous contrôle de PARECO-FF. Elle est accusée d’avoir acheté, traité et vendu des minerais issus des zones contrôlées par le groupe armé, lui fournissant ainsi des revenus substantiels.
  3. East Rise Corporation Limited et Star Dragon Corporation Limited : Ces sociétés d’exportation basées à Hong Kong (Chine) sont sanctionnées pour avoir acheté des minerais à la CDMC, contribuant ainsi à écouler les « minerais de conflit » sur les marchés internationaux. Les communiqués soulignent que ces minerais transitent souvent par le Rwanda avant d’atteindre les raffineurs.

Un message clair : « Aucune entité n’est à l’abri »

« Le commerce des minerais de conflit fait payer un tribut mortel aux civils congolais, alimente la corruption et empêche les entreprises respectueuses des lois d’investir en RDC », a déclaré John K. Hurley, sous-secrétaire du Trésor américain chargé du Renseignement financier et de la lutte contre le terrorisme. Il a ajouté que le Trésor « n’hésitera pas à agir contre les groupes qui privent les États-Unis et nos alliés d’un accès aux minéraux critiques vitaux pour notre défense nationale ».

L’Ambassade des États-Unis à Kinshasa a martelé un message sans équivoque : « Aucun groupe armé ni aucune entité commerciale n’est à l’abri de sanctions s’ils portent atteinte à la paix, à la stabilité ou à la sécurité de la RDC. » Elle a souligné le lien direct entre ces activités illégales et les graves violations des droits de l’homme, incluant travail forcé, travail des enfants et violences sexuelles dans les mines contrôlées.

Paix et Traçabilité : L’Agenda Américain

Cette action s’inscrit dans le cadre plus large des efforts diplomatiques américains. Les communiqués rappellent le rôle clé des États-Unis dans la facilitation de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda, signé le 27 juin 2025. Washington affirme soutenir « les efforts de la RDC et du Rwanda pour adopter un cadre régional d’intégration économique qui élargisse le commerce et l’investissement, améliore la transparence dans les chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques et ouvre la voie à des investissements responsables et légaux dans la région ».

Implications des Sanctions

Les sanctions impliquent le gel immédiat de tous les avoirs des entités désignées situés aux États-Unis ou sous contrôle de personnes américaines. Toutes les transactions avec ces entités par des citoyens ou sociétés américaines sont strictement interdites. Les institutions financières internationales s’exposent également à des risques en traitant avec elles.

Vers une Dépollution des Chaînes d’Approvisionnement

Cette décision marque une étape significative dans la volonté américaine de nettoyer les chaînes d’approvisionnement en minerais critiques provenant de l’Est de la RDC. Elle cible à la fois les acteurs armés locaux qui exploitent illégalement les ressources et les entreprises intermédiaires qui permettent à ces « minerais de sang » d’atteindre le marché global, soulignant particulièrement le rôle des sociétés chinoises dans ce trafic via le Rwanda. L’objectif affiché est de priver de financement les groupes comme le M23 et PARECO-FF tout en favorisant un secteur minier congolais légal et bénéfique à la population.

Par Thierry Bwongo

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