La situation sécuritaire et humanitaire au Nord-Kivu continue de se dégrader. Après la chute de Goma et l’occupation de la majorité des territoires provinciaux, le gouverneur militaire, le Général-Major Evariste Kakule, a adressé une lettre urgente à la Première ministre congolaise, Judith Suminwa Tuluka, sollicitant des « orientations claires » quant à l’avenir du gouvernement provincial.
La correspondance, datée du 19 août et ayant fuité sur les réseaux sociaux, dresse un tableau sombre de la situation dans l’Est de la République démocratique du Congo. « Après la prise par l’ennemi de son chef-lieu et de 4 sur les 6 territoires qu’elle compte, la province du Nord-Kivu éprouve de sérieuses difficultés pour fonctionner », écrit le gouverneur militaire.
Depuis le déplacement du siège du gouvernement provincial à Beni, dans le nord de la province, la gestion quotidienne est devenue chaotique. Le gouverneur évoque « une psychose générale » au sein de la population et des tensions croissantes dues aux « troubles à l’ordre public » et à « la grogne des agents non payés depuis trois mois ».
Outre les défis sécuritaires et humanitaires majeurs, la question du personnel administratif devient un fardeau lourd à porter. « Face à cette problématique transversale qui touche plusieurs ministères sectoriels, je suis au regret de devoir procéder à l’assainissement du personnel du gouvernement provincial, de suspendre les subventions à l’Assemblée provinciale, et de solliciter une clarification sur le statut actuel des membres du gouvernement civil en congé », prévient-il dans sa lettre.
La situation financière est également critique. Selon le gouverneur, des efforts importants ont été déployés pour maintenir une structure minimale de gouvernance à Beni : paiement du loyer des bureaux de l’Assemblée provinciale, résidences officielles pour ses dirigeants, dotation d’un véhicule au président de l’organe délibérant, et une enveloppe de 55 000 dollars pour l’installation des députés provinciaux dans leur nouveau lieu de résidence.
Mais cela ne suffit plus. Le gouverneur tire la sonnette d’alarme. « Je reste à l’écoute de la hiérarchie, Excellence, pour les orientations face à la problématique ci-haut évoquée », conclut-il dans sa lettre adressée à la cheffe du gouvernement.
L’exécutif central n’a pas encore officiellement réagi à cette correspondance, mais la pression monte alors que la crise humanitaire s’aggrave dans la région.
Par Kanoba Obadias









