Kinshasa, 2 septembre 2025 — La Cour de cassation a tranché : l’ancien ministre de la Justice et président du parti Nouvel Élan, Constant Mutamba Tungunga, a été condamné à trois ans de travaux forcés, assortis d’une inégibilité et d’une interdiction d’exercer toute fonction publique. Ce verdict fait suite à une procédure judiciaire de plusieurs mois, devenue emblématique du débat sur la gestion des deniers publics en RDC.

La Cour a confirmé l’ensemble des charges portées par le ministère public, notamment le détournement intentionnel de fonds publics, l’enrichissement frauduleux au profit de la société Zion Construction, ainsi que l’usage de procédés irréguliers et violents dans le cadre d’un projet de construction d’une prison centrale à Kisangani.

Un jugement rendu sous forte tension sécuritaire Le prononcé du verdict s’est déroulé dans un contexte de tension palpable. Un important dispositif militaire a été déployé aux abords de la Cour de cassation, témoignant de la dimension hautement politique et sécuritaire de l’affaire. Des journalistes, militants et observateurs internationaux étaient présents en nombre.

À Tshangu, fief politique de Mutamba, des manifestations sporadiques ont éclaté depuis l’aube, avec barricades, pneus brûlés et appels à la « résistance ». Des jeunes solidaires avaient déjà passé plusieurs nuits devant la résidence de l’ancien ministre.

Selon les attendus du jugement, M. Mutamba a octroyé un marché public à une société fictive, sans siège social ni personnel identifié, en violation flagrante des lois sur les marchés publics. Le transfert de près de 19 millions de dollars du compte du ministère de la Justice vers Zion Construction constitue, selon la Cour, l’acte fondamental du détournement.

Le ministère public avait requis dix ans de travaux forcés, mais la Cour a finalement opté pour une peine de trois ans, considérée par certains comme clément(e) au regard de la gravité des faits.

Conséquences politiquesCette condamnation écarte durablement Mutamba de toute compétition électorale, un coup dur pour cette figure montante de l’opposition. Ses partisans dénoncent une justice à deux vitesses, évoquant un procès « politique » destiné à affaiblir une voix dissidente dans le paysage institutionnel congolais.

La Cour, elle, défend un signal fort contre l’impunité, dans un contexte où la corruption reste l’un des maux majeurs de la gouvernance publique en RDC.

Par Didier Mbongomingi
TropikInfos.net

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