Kinshasa, 1er octobre 2025 —
La République démocratique du Congo a été secouée hier en fin d’après-midi par l’annonce de la condamnation à mort de l’ancien président Joseph Kabila, à l’issue de plus de quatre heures d’audience devant la Haute Cour militaire. À peine le verdict prononcé, les réactions se sont multipliées, en particulier dans les rangs du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation politique fondée et dirigée par l’ancien chef de l’État.
Aubin Minaku : une « erreur judiciaire manifeste »
Le premier à s’exprimer fut Aubin Minaku, vice-président du PPRD et ancien président de l’Assemblée nationale. Sur le réseau social X, il a dénoncé avec vigueur ce qu’il qualifie d’« erreur judiciaire manifeste et majeure, inhérente à un pseudo procès politique ». Selon lui, cette décision « marquera négativement les annales du droit des crimes internationaux en ce 21e siècle » et compromet « inutilement toutes les initiatives de paix et de dialogue national inclusif en RDC ». Dans un ton grave, il a conclu : « Quel paradoxe ! Quel gâchis ! »
Par cette sortie, Minaku s’inscrit dans la ligne de défense adoptée par le parti tout au long des audiences : contester la légitimité du procès et en souligner le caractère politique.
Emmanuel Ramazani Shadary : « une parodie de justice »
Quelques heures plus tard, c’est Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du PPRD et dauphin de Joseph Kabila lors de la présidentielle de 2018, qui a pris la parole sur les ondes de RFI. Interrogé par la journaliste Alexandra Brangion, il a dénoncé un « procès bidon », qu’il considère comme une diversion orchestrée par le pouvoir en place.
« Au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes de la RDC — la sécurité, la guerre, la crise sociale et politique devenue très aiguë —, ils présentent une parodie de justice », a-t-il déclaré. Shadary a également évoqué les revers diplomatiques récents, citant Washington et Doha, pour illustrer selon lui l’échec du régime actuel. « Tout ce qu’ils font échoue. Alors, ils cherchent à détourner l’attention en s’attaquant à Joseph Kabila », a-t-il ajouté.
Un appel à la vigilance
Dans son intervention, Shadary a exhorté les militants et sympathisants du PPRD à « rester vigilants et concentrés », estimant que ce procès n’apporte « rien de positif » au pays. Bien au contraire, il redoute qu’il ne divise davantage la nation, « au point que certains commencent déjà à parler de fractures linguistiques ou géopolitiques ».
Une fracture politique qui s’accentue
Ces réactions traduisent la colère et l’inquiétude du camp kabiliste face à une décision judiciaire sans précédent. Pour le PPRD, la condamnation de son leader historique n’est pas seulement une attaque contre un homme, mais une menace directe contre la cohésion nationale.
Alors que la Haute Cour militaire a assorti sa décision d’une lourde réparation financière estimée à près de 34 milliards de dollars, le débat politique s’enflamme. Entre ceux qui saluent une avancée dans la lutte contre l’impunité et ceux qui dénoncent une instrumentalisation de la justice, la RDC s’engage dans une nouvelle séquence de tensions.
Par Thierry Bwongo









