Le Conseil Présidentiel de Veille Stratégique (CPVS) a lancé une accusation grave à l’encontre de l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi, pointant du doigt une gestion jugée irrégulière du projet de construction de 1 000 maisons préfabriquées à Mukilango, dans la commune de Mont-Ngafula. Selon le rapport publié le 1er octobre 2025, cette mauvaise gestion aurait entraîné un retard de trois ans et un gaspillage de 57,48 millions de dollars américains, sans résultats tangibles.

Une contractualisation controversée

Le CPVS reproche à Nicolas Kazadi d’avoir attribué le marché à l’entreprise turque MILVEST par une procédure de gré à gré, sans l’aval de la Direction Générale du Contrôle des Marchés Publics (DGCMP) ni l’approbation du Premier ministre. Cette démarche, qualifiée d’illégale, aurait permis à l’entreprise de mobiliser des fonds publics sans livrer les logements promis.

« Le processus de recrutement n’a pas été revu par la DGCMP et le contrat n’a jamais été validé par le Premier ministre », souligne le rapport.

Deux avenants signés en septembre 2023 ont fait passer le coût initial du projet de 37,8 à 57,48 millions USD, sans modification du volume ou de la nature des travaux. Pourtant, seulement 16 % d’avancement physique est constaté à ce jour, alors que 500 logements de type A étaient annoncés.

Une chaîne de complicités institutionnelles

François Mwamba, coordonnateur du CPVS, accuse Nicolas Kazadi d’avoir favorisé une entreprise « proche de ses réseaux » et dénonce une chaîne de complicités impliquant plusieurs structures publiques. Il cite notamment :

  • ACOPRIM, qui n’aurait supervisé aucune étape du chantier.
  • FONHAB, qui n’aurait certifié aucune facture.
  • CT-PDU, dont la présence serait restée purement symbolique.

Le rapport appelle l’Inspection Générale des Finances (IGF) à enquêter sur les comptes de MILVEST et à auditionner les responsables des structures concernées.

Des familles toujours sans abri

Ce projet devait répondre à une urgence humanitaire : le relogement de 750 ménages sinistrés de Matadi-Kibala, victimes des pluies diluviennes de décembre 2022 qui avaient causé 168 décès. Le président Félix Tshisekedi s’était engagé à reloger les survivants en sept mois. Deux ans plus tard, aucune maison n’a été livrée.

Le CPVS recommande en urgence la régularisation des procédures de passation des marchés et une aide humanitaire immédiate pour les familles toujours sans toit.

Par Didier Mbongomingi

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