Dans une prise de parole marquante, Richard Muyej, ancien ministre et gouverneur de la riche province du Lualaba, figure politique respectée, a lancé un appel vibrant à la classe dirigeante congolaise: il est temps de renouer avec l’humilité et de convoquer un dialogue national véritablement inclusif. Dans un message empreint de mémoire historique et de lucidité politique, il met en garde contre les dérives autoritaires qu’il perçoit dans les discours du président Félix Tshisekedi, tant sur le territoire national qu’à l’étranger.

Une leçon venue du passé

Mobutu Sese Seko, Nelson Mandela et Laurent-Désiré Kabila, 1997 (image tirée du film de Thierry Michel, Mobutu, le roi du Zaïre, 1999).
© Thierry Michel

Muyej évoque un souvenir marquant: la première rencontre entre Mzee Laurent-Désiré Kabila et les officiers de l’armée congolaise en 1997. Il rappelle avec humour une phrase adressée par Kabila à Mobutu lors d’un échange à bord du bateau Utenika, sous la médiation de Nelson Mandela:

« Toi, Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga, qui t’a dit que tu es Dieu? »

Cette anecdote, selon lui, résonne encore aujourd’hui avec force, soulignant la nécessité de rappeler que le Congo n’est pas la propriété d’un individu, d’un clan ou d’un groupe d’intérêts. C’est un bien commun, qui doit être géré avec responsabilité et ouverture.

Richard Muyej, ancien ministre et gouverneur de la riche province du Lualaba

Une crise profonde et multiforme

Richard Muyej dresse un tableau préoccupant de la situation actuelle: justice instrumentalisée, tribalisme rampant, destruction du tissu économique, pillage des ressources… Autant de maux qui nourrissent les frustrations et fragmentent le peuple congolais. Il appelle à reconnaître la gravité de cette crise, qu’il qualifie de « brutalement provoquée », et à en analyser les causes avec honnêteté.

Un dialogue national pour reconstruire

Le Président Tshisekedi en réunion avec la délégation ECC-Cenco autour de l’Organisation d’un dialogue national inclusif

Face à ce contexte, Muyej insiste sur la nécessité d’un dialogue national inclusif, où personne ne s’arroge le droit de définir seul les règles. Il plaide pour une gouvernance humble, affirmant que:

« L’humilité n’est pas une faiblesse: elle élève les dirigeants, renforce leur légitimité et restaure la confiance entre gouvernants et gouvernés. »

Le gouverneur Richard Muyej et son adjointe actuel gouverneur du Lualaba Fifi Masuka

Son message est clair: seule une approche collective, respectueuse des diversités et des aspirations du peuple, permettra de sortir le pays du bourbier dans lequel il s’enfonce.

Par Thierry Bwongo

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