Kinshasa, 16 octobre 2025 — Le Musée National ouvre ses portes à l’exposition « Mobutu : Une vie, un destin », un hommage inédit au Maréchal Mobutu Sese Seko, figure centrale de l’histoire congolaise, dont le règne de 32 ans continue de marquer les esprits. Lancée en avant-première le 14 octobre par son fils Nzanga Mobutu — jour où le Maréchal aurait célébré ses 95 ans — cette initiative invite à une redécouverte profonde de notre mémoire collective.

L’exposition, riche en images inédites, objets personnels et archives diplomatiques, retrace l’ascension, la vision et les contradictions d’un homme qui aura incarné l’État, la nation et le pouvoir. Elle s’inscrit dans une démarche de réconciliation avec notre passé, loin des caricatures, en mettant en lumière les vertus qu’il prônait : discipline, unité, souveraineté, et dignité africaine.

Le Zaïre, sous Mobutu, fut un temps de grandeur ou était magnifié « l’unité nationale » Et « le recours à l’authenticité « . Sur le plan diplomatique, le pays rayonnait comme pivot du continent. Sur le plan culturel, l’authenticité redonnait fierté aux Congolais. Sur le plan sportif, artistique et économique, Kinshasa vibrait au rythme des ambitions nationales. Cette époque, bien que traversée de tensions, fut aussi celle d’une cohésion, d’un ordre, et d’un rêve africain assumé — avant que les vents de la guerre froide ne fassent vaciller l’édifice.

Nzanga Mobutu, dans son discours inaugural, a appelé la jeunesse à “regarder en arrière pour mieux comprendre ce que nous sommes devenus”. Parmi les invités figuraient les artistes Innoss’B et JB Mpiana, des membres du gouvernement, ainsi que le sénateur Mobutu Giala et Guy Nsimba, directeur général de l’ARMCA. Tous ont salué l’initiative comme un acte de mémoire, mais aussi de transmission.

Cependant, l’organisation de l’événement n’a pas échappé aux tensions familiales. Des voix discordantes au sein de la lignée Mobutu ont exprimé leurs réserves, révélant les fractures persistantes autour de l’héritage du Maréchal. Ces dissensions, loin d’éclipser l’exposition, rappellent que toute mémoire nationale est aussi un lieu de débat.

« Mobutu : Une vie, un destin » ne célèbre pas qu’un homme, elle interroge une époque. Elle offre à la jeunesse congolaise l’occasion de réfléchir sur les valeurs de leadership, de patriotisme et de responsabilité. Elle rappelle que l’histoire ne se juge pas seulement, elle se comprend, elle se transmet.

Dans un pays en quête de repères, cette exposition est plus qu’un hommage : c’est un miroir tendu à la nation.

Par Thierry Bwongo