Le cadre macroéconomique du budget 2026 de la République démocratique du Congo retient une parité franc congolais/dollar américain fixée à 2.900 FC. Or, la Banque centrale du Congo (BCC) maintient son taux directeur autour de 2.300 FC. Ce décalage manifeste entre le taux budgétaire et le taux de référence bancaire soulève de sérieuses inquiétudes quant à la sincérité des prévisions et à la viabilité des équilibres financiers.

Ce différentiel de 600 FC par dollar pourrait entraîner une perte budgétaire estimée à plus de 2 milliards de dollars, au détriment direct de la population congolaise. Il s’agit là d’un manque à gagner colossal, qui affaiblit la capacité de l’État à financer les services sociaux de base, les infrastructures et les politiques de développement.
L’indépendance de la BCC est un principe fondamental de bonne gouvernance économique. Toutefois, elle ne saurait être interprétée comme une autonomie absolue, déconnectée des impératifs de souveraineté nationale. Le chef de l’État, garant de l’intérêt général, ne peut rester indifférent face à une telle distorsion monétaire, qui compromet l’efficacité de l’action publique.

Il est urgent de rétablir une cohérence entre les instruments de politique monétaire et les objectifs budgétaires. Le taux de change ne peut être manipulé ou figé artificiellement sans conséquences graves sur la transparence, la crédibilité et la justice fiscale.

Le salut du peuple doit rester la loi suprême. Toute politique économique, qu’elle soit budgétaire ou monétaire, doit viser l’amélioration des conditions de vie des citoyens. Il est donc impératif que les autorités compétentes mettent fin à ce désordre monétaire, en instaurant un dialogue responsable entre les institutions financières et les instances politiques.

La RDC ne peut se permettre de naviguer à vue dans un contexte mondial incertain. La rigueur, la transparence et la coordination doivent redevenir les piliers de notre gouvernance économique.
Propos retranscrits par Didier Mbongomingi









