Madrid, le 22 octobre 2025, a marqué un tournant décisif dans la diplomatie environnementale de la République Démocratique du Congo. Le Ministre d’État Guylain Nyembo Mbwizya, en sa qualité de Ministre du Plan et de la Coordination de l’Aide au Développement, a pris part à la Réunion des Ministres du Secteur (RMS 2025), organisée par la plateforme internationale Sanitation and Water for All (SWA) en partenariat avec le Gouvernement espagnol et l’Unicef. Cette rencontre, inaugurée par la Vice-Présidente espagnole Sara Aagesen, s’est tenue dans un contexte mondial marqué par l’urgence climatique et la nécessité de repenser les politiques d’eau et d’assainissement comme leviers de résilience.
Au cours de son intervention, le Ministre d’État congolais a mis en exergue les efforts de son pays dans la mise en œuvre de politiques intégrées. Il a notamment évoqué le Programme National d’Eau, d’Hygiène et d’Assainissement (PNEHA), la coordination assurée par le Comité National d’Action de l’Eau, de l’Hygiène et de l’Assainissement (CNAEHA), ainsi que le Programme de Développement Local des 145 Territoires (PDL-145T). Ces initiatives traduisent une volonté politique de structurer l’accès aux services essentiels dans une logique de durabilité et d’équité, en particulier dans les zones rurales longtemps marginalisées.

Cette approche trouve écho dans d’autres expériences africaines. Au Sénégal, le Plan d’Action pour l’Eau et l’Assainissement (PAEA) a permis de réduire significativement les maladies hydriques dans les régions de Tambacounda et Kolda, grâce à une synergie entre les autorités locales, les ONG et les bailleurs internationaux. En Éthiopie, le programme One WASH National Programme (OWNP) a démontré l’efficacité d’une gouvernance multisectorielle, en intégrant les ministères de la santé, de l’éducation, des finances et de l’eau dans une même stratégie. Ces exemples illustrent que la cohérence institutionnelle est une condition sine qua non pour répondre aux défis croisés de l’eau, de l’assainissement et du climat.
Guylain Nyembo a insisté sur la nécessité d’une gouvernance participative, capable de mobiliser les communautés locales et de renforcer la redevabilité des institutions. Il a souligné que dans un pays comme la RDC, où les effets du changement climatique se traduisent par des inondations récurrentes et une insécurité hydrique croissante, l’inclusion des populations dans la planification et la gestion des ressources est essentielle. Cette vision rejoint celle de SWA, qui promeut une approche fondée sur les droits humains et la transparence, en réunissant plus de 300 acteurs mondiaux autour de l’Objectif de Développement Durable n°6.

La réunion de Madrid a également permis de renforcer les alliances stratégiques entre les États et les institutions internationales. Le rôle de l’UNICEF, du PNUD, de la Banque mondiale et de l’OMS dans l’accompagnement technique et financier des réformes a été salué par les participants. Pour la RDC, ces partenariats sont cruciaux dans la mise en œuvre des infrastructures hydrauliques, la formation des agents locaux et le suivi des indicateurs de performance. À l’instar du programme WASH financé par le FIDA en Sierra Leone, qui a permis de construire plus de 500 points d’eau en milieu rural, la RDC espère accélérer ses progrès grâce à une coopération renforcée.
En clôturant son intervention, le Ministre d’État congolais a réaffirmé l’engagement de son pays à faire de l’eau et de l’assainissement des priorités nationales, en les inscrivant au cœur de la planification territoriale et du développement durable. Il a appelé à une solidarité internationale plus audacieuse, capable de dépasser les logiques de financement ponctuel pour instaurer des mécanismes pérennes et équitables. Dans un monde où les crises climatiques redéfinissent les contours de la gouvernance publique, la RDC entend jouer pleinement son rôle, en s’appuyant sur ses expériences locales et en contribuant activement aux débats globaux.
Par Thierry Bwongo









