Alors que les pourparlers entre le gouvernement congolais et l’Alliance du fleuve Congo (AFC/M23) ont repris à Doha sous médiation qatarienne, les deux camps semblent davantage engagés dans une course à l’armement que dans une dynamique de paix. Le 22 octobre, l’arrivée de Benjamin Mbonimpa, secrétaire exécutif du M23, est venue renforcer la délégation rebelle menée par René Abandi, face à l’équipe de Kinshasa conduite par Sumbu Sita Mambu. Mais derrière les portes closes, la défiance domine.
Le mécanisme de vérification du cessez-le-feu signé le 14 octobre, salué comme une avancée par plusieurs observateurs internationaux, n’a pas résisté à la réalité du terrain. Dès le lendemain, des drones de combat opérés par les FARDC survolaient des zones sous contrôle rebelle, suivis de frappes aériennes sur Masisi, Walikale et Twangiza. Ces opérations ont visé des positions stratégiques du M23, notamment des centres logistiques et des zones minières, provoquant des retraits tactiques du mouvement rebelle.
Dans le Sud-Kivu, la crainte d’une offensive sur Uvira, verrou stratégique pour le Burundi, mobilise Kinshasa et son allié burundais. Des drones de reconnaissance ont été déployés depuis Bujumbura, tandis que les FARDC renforcent leur présence dans les provinces frontalières. Le M23, de son côté, forme de nouvelles recrues à Tshanzu et Rumangabo, et envisage des percées vers Walikale, Pinga et même Maniema.
Sur le plan diplomatique, les négociations à Doha peinent à avancer sur des points sensibles comme l’échange de prisonniers, malgré la proposition du M23 de passer par le Comité international de la Croix-Rouge. Kinshasa reste réticent à libérer certains détenus, notamment ceux impliqués dans des crimes graves, ce qui bloque les discussions et irrite le médiateur qatari.
Washington tente de relancer le processus, avec un accord signé en juin entre les ministres des Affaires étrangères congolais et rwandais sous l’égide de Donald Trump. Mais les efforts américains peinent à contenir l’escalade militaire. Le haut commandement congolais prévoit de nouvelles frappes aériennes, inquiet du renforcement des lignes rebelles.
À Doha, les négociateurs de l’AFC, épaulés par des figures militaires comme le colonel Padiri et des proches de Corneille Nangaa, semblent surtout chercher à gagner du temps. Le M23 ne cache plus son scepticisme quant à une issus diplomatique. Pour les deux camps, la guerre reste une option tangible, sinon imminente.
Par Thierry Bwongo









