Kinshasa, octobre 2025 — Une simple image, empreinte d’amour et de fierté, pourrait coûter dix ans de réclusion à une militaire congolaise. En publiant des photos de sa séance pré-nuptiale en tenue militaire aux côtés de son futur époux, l’adjudant Sarah Ebabi Ebadjara se retrouve aujourd’hui dans le viseur de la justice militaire pour « violation des consignes ». Une affaire qui, au-delà du droit, soulève une onde de choc dans l’opinion publique congolaise, entre indignation, appel à l’humanité et débat sur la modernisation des institutions.

Une des photos des fiançailles de l’adjudant Sarah Ebadjara

Sur les réseaux sociaux, les réactions affluent, portées par des voix influentes et des citoyens ordinaires. L’artiste engagé Alesh, connu pour son militantisme social, a pris la parole avec gravité :

« Elle n’a jamais vendu négativement l’image de l’armée Congolaise. Son image attire plus de jeunes Congolais vers l’armée – elle est l’incarnation du ‘c’est un métier comme tout autre’. »

Pour lui, Ebadjara incarne une figure inspirante, une Jeanne d’Arc moderne, capable de redorer le blason des FARDC auprès de la jeunesse. Il plaide pour une justice empreinte d’humanité, soulignant que son geste – un baiser à son mari – ne mérite pas une peine aussi lourde :

« Humanisez les services de l’ordre, SVP. Si vous lui collerez un avertissement ou une action de discipline administrative, faites-le. Mais n’entrez pas la RDC dans cette page noire de l’histoire du monde. »

D’autres internautes, tout en reconnaissant la rigueur propre au corps militaire, questionnent la disproportion de la sanction envisagée :

  • « Un militaire est avant tout un humain, ayant un cœur. »
  • « Il y a des policiers qui fument du chanvre en plein air sans être inquiétés, et là pour un baiser, on parle de dix ans ? »

Certains rappellent que la tenue militaire est un symbole sacré, et que sa utilisation dans un cadre privé peut contrevenir aux règlements. Mais même parmi ceux qui défendent la discipline, des voix s’élèvent pour appeler à la nuance :

« Si elle avait posté ses photos sans la tenue, elle n’aurait pas été interpellée. Mais peut-être que la manière n’était pas bonne. Cela pousse à réfléchir et invite à un débat de société réel. »

Au-delà du cas individuel, cette affaire révèle une tension plus profonde entre les normes militaires héritées d’un autre temps et les réalités sociales contemporaines. À l’ère du numérique, où l’image façonne les perceptions, certains plaident pour une adaptation des règlements :

« Le règlement militaire devrait s’adapter aux réalités modernes actuelles. Les réseaux sociaux changent la perception du monde et influencent le droit. »

Dans un contexte de guerre où l’armée cherche à renforcer ses rangs, l’image d’une femme militaire épanouie, amoureuse et fière de son métier pourrait être un levier puissant de mobilisation. Au lieu d’être réprimée, elle pourrait être valorisée.

L’affaire Ebadjara interpelle. Elle questionne la capacité des institutions à conjuguer discipline et humanité, à évoluer sans renier leurs fondements. Elle invite à repenser la place des femmes dans l’armée, la gestion de l’image publique des forces de sécurité, et surtout, à ne pas criminaliser l’amour.

Dans un pays en quête de cohésion et de renouveau, cette affaire pourrait devenir un tournant. Non pas par la sévérité d’une sanction, mais par la sagesse d’une réforme.

Par Thierry Bwongo

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