Kinshasa, le 11 novembre 2025 — L’Assemblée nationale congolaise traverse une nouvelle zone de turbulences institutionnelles. À la suite de la publication officielle des candidatures retenues pour l’élection du Président et du Rapporteur adjoint du Bureau, un vent de scandale et d’indignation souffle sur l’hémicycle. En cause : un processus opaque, des décisions controversées et une impression persistante de confiscation démocratique.

Le communiqué signé par le Président de l’Assemblée nationale, le Professeur Isaac Jean Claude Tshilumbayi Musawu, annonce une liste restreinte : Aimé Boji Sangara pour la présidence, Clotilde Mutita Kalonga pour le poste de rapporteur adjoint. Pourtant, les faits révèlent une réalité bien plus complexe.
Chargée d’examiner la conformité des dossiers, la commission technique semble avoir outrepassé son mandat en procédant à un vote interne pour désigner un candidat « consensuel ». Sur 17 votants, les résultats affichent une incohérence : 14 voix pour Clotilde Mutita, 10 pour Christele Vuanga, 10 pour Van Kapenga. Comment expliquer cette arithmétique électorale où le total dépasse le nombre de votants ? Qui a voté ? Et surtout, la commission avait-elle le pouvoir de trancher par vote, ou devait-elle simplement valider les dossiers et laisser le choix final aux députés ?

L’éviction de l’honorable Ayobangira Safari, sous prétexte d’une appartenance politique non prouvée, soulève des interrogations. Bien qu’il ait déclaré son statut de non-inscrit, la commission n’a pas jugé utile de considérer sa candidature, préférant l’écarter à l’unanimité. Une décision qui rappelle les précédents récents, notamment lors de l’adoption du rapport visant le départ de la questeure et de son adjoint, où le même président de l’Assemblée s’était imposé en validant un rapport contesté.
Selon plusieurs sources internes, les trois candidats au poste de rapporteur adjoint n’ont pas trouvé de consensus lors de leur rencontre. Un procès-verbal de non-conciliation a été signé, confirmant l’absence d’accord. En toute logique, les trois candidatures devaient être soumises au vote des députés. Pourtant, le président intérimaire a décidé unilatéralement de n’en retenir qu’une seule, imposant ainsi une candidature unique. Une démarche qui bafoue les principes de pluralité et de transparence.

Face à ces manœuvres, les élus censés incarner la souveraineté populaire restent étrangement silencieux. Les pétitionnaires, qui avaient espéré un renouveau institutionnel, assistent impuissants à une répétition des mêmes tâtonnements administratifs. L’indépendance garantie par les textes semble reléguée au second plan, au profit d’arrangements politiques opaques.
La politique congolaise, dans ses réalités les plus crues, révèle une fois de plus ses fragilités. L’expérience et la notabilité, évoquées comme critères de sélection, n’ont pas suffi à justifier l’exclusion des autres candidats. Parmi les trois prétendants, une seule est à son second mandat et préside deux commissions permanentes. Pourtant, ce mérite n’a pas été valorisé dans le processus final.
Pour les citoyens, pour les élus, pour les institutions, une question demeure : jusqu’à quand tolérer l’arbitraire au cœur de la République ?
Par Botamba Sésé Séko









