L’année 2025 restera sans doute comme l’une des plus éprouvantes pour les habitants de la capitale congolaise. Entre contraintes sociales et désorganisation urbaine, Kinshasa a offert à ses citoyens un quotidien marqué par l’asphyxie des embouteillages et la lenteur des chantiers publics.
La multiplication des chantiers de réhabilitation de la voirie dans presque toutes les communes a réduit davantage le nombre de voies de circulation déjà insuffisantes. Kinshasa, ville tentaculaire, continue de subir un schéma de mobilité hérité de l’époque coloniale : le matin, tous convergent vers la Gombe, et le soir, tous en repartent vers les cités périphériques. Ce modèle figé, jamais repensé, nourrit les interminables bouchons qui étouffent la capitale.

La solution, selon les urbanistes, réside dans la création de nouvelles voies d’accès au centre-ville, la réhabilitation des routes secondaires et surtout le décongestionnement institutionnel de la commune de la Gombe, qui ne devrait pas rester le seul poumon administratif et économique de Kinshasa.
Les travaux, censés moderniser la ville, se transforment en véritables épreuves pour les Kinois. Ils balafrent le visage de « Kin la belle » et renforcent l’image de « Kin la poubelle ».

- Sur l’avenue Kasavubu, du rond-point Molaert jusqu’à Kintambo Magasin, les embouteillages sont devenus insupportables. Les chantiers s’y enchaînent : réhabilitation de la voirie et pose d’un gigantesque tuyau de la Regideso destiné à alimenter Ngiri-Ngiri, Bumbu, Selembao et d’autres communes.
- Cette route, qui relie près de cinq communes, est pratiquement impraticable depuis près d’un an, sans perspective de fin.
- À Bandalungwa, fièrement surnommée « Paris », les habitants sont dépités par la lenteur des travaux, aggravée par les pluies qui accentuent l’insalubrité.
- L’avenue Libération (ex-24 Novembre), reliant Kimbondo à Selembao, est bloquée depuis plusieurs mois, isolant davantage les quartiers.
Les bouchons ne connaissent pas de répit. Du saut-de-mouton de Débonhomme jusqu’au marché de la Liberté, il est impossible d’éviter des heures d’attente. Du côté de l’aéroport, la situation est encore plus dramatique. Les solutions annoncées pour endiguer le phénomène semblent inefficaces.

Un espoir subsiste toutefois : l’entreprise Safrimex projette de jeter un second pont sur la rivière Ndjili, côté Masina. Ce nouvel axe, partant de la 14e rue Limete (Siforco) vers l’aéroport, pourrait offrir une voie parallèle et désengorger partiellement la circulation.
Mais au-delà de ce projet, les Kinois attendent surtout l’achèvement du grand chantier de la première Rocade. Cette voie de contournement, qui reliera Kin-Ouest à Kin-Est, est perçue comme une bouffée d’oxygène pour le boulevard Lumumba, aujourd’hui saturé. Sa mise en service constituerait une avancée majeure pour la mobilité urbaine et redonnerait espoir à une population épuisée par les embouteillages quotidiens.

À ces souffrances s’ajoute le lancement du contrôle technique et du nouveau permis de conduire. Prévu comme aléatoire, ce contrôle s’est transformé en filtrage systématique, avec des barrières qui aggravent les embouteillages.
La vignette du contrôle technique, obtenue plus par paiement que par conformité réelle des véhicules, apparaît comme une taxe supplémentaire en cette fin d’année. Une mesure qui remplit les caisses de l’État, mais ne garantit en rien la sécurité routière.

Entre insalubrité, tracasseries routières et chantiers désorganisés, les Kinois garderont sans doute un goût amer de cette année 2025. Une année où l’espoir de voir Kinshasa respirer s’est transformé en un quotidien d’asphyxie.
Par la rédaction









