Kinshasa, décembre 2025 – La scène économique congolaise est secouée par une dissonance institutionnelle qui met en lumière les fragilités de la coordination des politiques publiques. Au cœur du débat : l’appréciation du franc congolais face aux devises étrangères et son rapport direct avec la mobilisation des recettes de l’État.
« La Banque centrale rassure »
Dans une communication officielle, la Banque centrale du Congo (BCC) a affirmé que « l’analyse graphique démontre que l’appréciation du franc congolais sur le marché des changes n’a pas freiné la mobilisation des recettes publiques ».
Selon l’institution monétaire, les chiffres du mois de novembre 2025 confirment une tendance constante : les réalisations budgétaires ont systématiquement dépassé les assignations depuis le début de l’année. Pour la BCC, la stabilité monétaire obtenue grâce à l’appréciation du franc n’a pas compromis la capacité de l’État à collecter ses revenus.
« Le ministère des Finances contredit »
Mais cette lecture est frontalement contestée par le ministère des Finances, via sa cellule de communication. Dans une déclaration ferme, la Cellcom a dénoncé une « analyse erronée et inexacte, basée sur des recettes cumulées et comprenant même des avances fiscales ».
Pour le ministère, la réalité est tout autre : l’appréciation du franc congolais aurait bel et bien entraîné une perte de recettes, confirmée par les données des administrations financières et par le cadrage du Fonds monétaire international pour le dernier trimestre 2025. Une communication officielle est annoncée pour clarifier davantage cette position.
Cette divergence publique entre deux institutions clés – la Banque centrale et le ministère des Finances – illustre une cacophonie préoccupante au sommet de l’État. Alors que l’une cherche à rassurer sur la solidité des recettes, l’autre alerte sur les failles d’une analyse jugée trop optimiste.
Au-delà des chiffres, c’est la question de la coordination des politiques économiques qui se pose avec acuité. Dans un contexte marqué par les attentes sociales et les pressions budgétaires, l’absence d’une voix unifiée fragilise la crédibilité des institutions et alimente l’incertitude.

La controverse autour du franc congolais dépasse le simple débat technique. Elle révèle les tensions internes dans la gestion des finances publiques et met en lumière l’urgence d’une harmonisation des discours et des stratégies.
À l’heure où le pays cherche à consolider sa stabilité macroéconomique et à renforcer la confiance des partenaires internationaux, cette cacophonie institutionnelle apparaît comme un signal d’alarme : sans cohérence, la politique économique risque de perdre son efficacité et sa légitimité.
Par Thierry Bwongo









