Kinshasa, 8 décembre 2025 – Devant les deux chambres réunies en Congrès, le président Félix Tshisekedi a livré un peu plus de deux heures de discours solennel sur l’État de la Nation. Entre dénonciation des agressions extérieures, annonces sociales et plaidoyer écologique, le chef de l’État a voulu projeter une image de résilience et de progrès, malgré les défis persistants.

Souveraineté et accords de paix

Le président a ouvert son allocution par une mise au point ferme :
« Permettez-moi d’être parfaitement clair : ces accords ne consacrent aucune forme de partage de notre souveraineté. »
Évoquant les engagements de Doha et de Washington, il a accusé le Rwanda de les violer déjà, dénonçant une « agression par procuration » et rappelant que ces accords ne sont ni une tutelle sur les ressources, ni une amnistie déguisée des crimes commis contre le peuple congolais.
Il a fixé quatre priorités : le retrait des forces étrangères, la coupure des circuits financiers de la violence, la protection des civils – en particulier femmes et enfants – et l’accès humanitaire aux zones affectées.

Paix et sécurité

Tshisekedi a réaffirmé que la tâche reste inachevée tant qu’« un seul village, un seul quartier, une seule colline » demeure sous la menace des armes illégales. Il a promis : « Je vous promets un État qui protège. Nous sommes capables de faire triompher la paix. »

Économie et pouvoir d’achat

Le président s’est félicité de la stabilité retrouvée du franc congolais, apprécié de 29 % face au dollar, et de réserves de change atteignant 7,4 milliards USD.
Il a annoncé la hausse du SMIG à 21 000 francs dès janvier 2026, ainsi que la baisse du prix du litre d’essence, qui impacte directement le coût du transport. « Notre combat pour le pouvoir d’achat n’est pas théorique », a-t-il assuré.

Éducation et jeunesse

Dans le cadre de la gratuité de l’enseignement primaire, un supplément de 100 000 francs congolais a été accordé au salaire de chaque enseignant et 1 384 nouvelles écoles ont été construites.
La RDC devient également l’un des premiers pays africains à lancer la correction des examens via l’intelligence artificielle, avec l’introduction du e-diplôme pour moderniser le système éducatif.

Santé et couverture sociale

Le président a salué les avancées de la Couverture santé universelle (CSU) : plus de 2,6 millions de femmes ont bénéficié de soins en 2025, et 375 centres de santé sont en cours d’achèvement pour renforcer l’accès aux soins de qualité.

Gouvernance urbaine et environnement

Kinshasa, avec ses 17 millions d’habitants, a été décrite comme le miroir des défis urbains. Tshisekedi a dénoncé les embouteillages, « une des épreuves les plus visibles du quotidien », qui épuisent les familles et freinent la productivité.
Il a tiré la sonnette d’alarme sur l’insalubrité : « La mauvaise gestion des déchets expose nos populations à des risques inacceptables. » Il appelle à moderniser la chaîne de gestion des déchets, à mobiliser les citoyens et à instaurer une tolérance zéro contre l’insalubrité.

La RDC, « pays solution »

Au cœur de son discours, Tshisekedi a réaffirmé le rôle écologique de la RDC :
« La RDC est un pays solution. Ce n’est pas un slogan, c’est une réalité écologique. »
Il a insisté sur la nécessité que cette contribution à la stabilité du climat mondial se traduise en engagements concrets et en soutien réel : les pays qui préservent leur biodiversité au nom de la solidarité mondiale doivent aussi bénéficier en retour de cette solidarité, par des actions tangibles pour leurs populations.

Clôturant son message sur une note d’espérance, le président a déclaré : « Les ténèbres ne régneront pas toujours. »
Son discours aura été celui d’un chef d’État qui, malgré les épreuves, veut convaincre que la RDC demeure debout, résolument tournée vers l’avenir, et prête à assumer son rôle de nation souveraine, protectrice et écologique.

Par Thierry Bwongo

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