Kinshasa, 9 décembre 2025 – Alors que la République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé, le 4 décembre dernier à Washington, un accord de paix sous l’égide du président américain Donald Trump, la situation sécuritaire dans l’Est du Congo continue de se détériorer. Les incidents frontaliers et les menaces sur la ville d’Uvira révèlent les fragilités d’un processus diplomatique encore balbutiant.

Le 8 décembre, le Burundi a dénoncé une attaque aérienne attribuée au Rwanda dans la commune de Cibitoke, frontalière de la RDC. Deux personnes ont été blessées, dont un enfant de 12 ans. Bujumbura parle d’une « provocation » et accuse Kigali d’une « attitude belliqueuse ». Cet incident survient à peine quelques jours après la signature de l’accord de Washington, censé ouvrir une nouvelle ère de coopération régionale.

Au Sud-Kivu, les rebelles de l’AFC/M23, soutenus par Kigali selon plusieurs sources, intensifient leur pression militaire. Leur objectif serait de s’emparer d’Uvira, deuxième ville de la province. À ce jour, la cité reste sous contrôle des FARDC et de leurs alliés burundais, mais le ministre burundais des Affaires étrangères, Albert Shingiro Bizimana, a averti que la chute d’Uvira constituerait une « ligne rouge » pour son pays. Le Burundi « se réserve le droit de poursuite », a-t-il déclaré, laissant planer la menace d’une riposte militaire.

Lors de la cérémonie de signature de l’Accord de paix à Washington, le président burundais avait déjà exprimé ses inquiétudes. En présence de Félix Tshisekedi et Paul Kagame, il avait rappelé que « la paix ne peut être durable si elle ne protège pas les populations frontalières et si elle ignore les menaces des groupes armés ». Il avait insisté sur le fait que son pays « ne resterait pas spectateur » si la sécurité nationale venait à être compromise. Ces propos résonnent aujourd’hui avec une acuité particulière, alors que les rebelles du M23 menacent directement Uvira et, par ricochet, l’équilibre sécuritaire du Burundi.

Selon des analyses militaires, l’offensive du M23 viserait à neutraliser la présence burundaise en RDC et à perturber le trafic aérien de l’aéroport de Bujumbura en installant des systèmes anti-aériens autour d’Uvira. Cette manœuvre couperait l’assistance militaire burundaise aux FARDC. Mais pour l’analyste JM Prévôt Likume, Kigali prend un risque majeur : « Paul Kagame a poussé son avantage militaire trop loin et s’expose désormais à des représailles directes sur le territoire rwandais ».

La signature de l’Accord de Washington devait marquer un tournant historique. Pourtant, les événements récents montrent que la paix reste fragile et menacée par les dynamiques militaires sur le terrain. Uvira, encore sous contrôle congolais, est devenue le symbole de cette incertitude : une ville dont la chute pourrait transformer une crise locale en confrontation régionale ouverte.

Par Thierry Bwongo

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