La production halieutique du lac Édouard connaît une baisse alarmante, bouleversant la vie socio-économique des habitants de Vitshumbi, une importante localité de pêche située au sud du lac, dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu.
Selon des sources locales, cette diminution résulte principalement de la pêche illégale et de la prolifération incontrôlée des pirogues, des pratiques accentuées par la résurgence des conflits armés dans la région.

Sur la plage de Vitshumbi, les pêcheurs reviennent presque bredouilles. Le poisson se fait rare depuis plusieurs mois et les prix flambent. Le tilapia, vendu auparavant à 3 000 FC, se négocie désormais entre 5 000 et 6 000 FC, parfois davantage. Pêcheurs et vendeuses dénoncent l’ampleur de la pêche illicite qui, selon eux, menace leur unique source de revenus :
« Il n’y a presque plus de poisson. Les pêcheurs clandestins détruisent le lac et nous plongent dans la pauvreté. Le tilapia peut coûter 4 000, 5 000, 6 000 voire 7 000 FC. Les bakris sont parfois disponibles, mais le tilapia devient introuvable. Nous faisons face à beaucoup de pratiques illégales », témoignent-ils.
Une enquête menée par le Bureau des écologistes pour Impacts Environnementaux, une organisation locale, révèle que les pêcheurs manquent également de moyens adéquats pour exercer leur activité et subvenir à leurs besoins. L’absence d’une réglementation stricte sur le lac aggrave encore la situation. Son directeur général, Joël Kabwasa Mubagwa, alerte :

« Nos recherches montrent une prolifération rapide de pratiques non conformes à la gestion durable du lac Édouard. Cela impacte directement la vie socio-économique, notamment la scolarisation des enfants des communautés de pêcheurs. »
Malgré ces défis — pression démographique, insécurité et gestion chaotique du lac — celui-ci demeure la principale source de subsistance pour la population de Vitshumbi. Les acteurs de la pêche appellent à des mécanismes de gestion plus efficaces afin de protéger la biodiversité aquatique et de garantir la survie de leurs moyens d’existence.
Par Kanoba Obadias









