Kinshasa, 18 décembre 2025 – Dans une atmosphère empreinte de gravité et de recherche d’apaisement, la Ministre d’État, Ministre des Affaires sociales, Actions humanitaires et Solidarité nationale, Ève Bazaiba Masudi, a rencontré ce jeudi, au chapiteau du GB dans la commune de Ngaliema, les représentants de la communauté musulmane de Kinshasa. Cheikhs, imams, intellectuels, comités des femmes et des jeunes, personnes vivant avec handicap ainsi que des délégués de l’administration publique ont pris part à cette séance d’information et de clarification.
Dès l’entame, la Ministre d’État a tenu à lever les équivoques suscitées par sa récente rencontre avec le Ministre de la Justice. Elle a précisé que cette réunion n’avait rien d’une mission des bons offices ni d’une initiative personnelle, mais relevait d’une démarche purement informative, destinée à apaiser les esprits et à rétablir la vérité.

Mme Bazaiba a rappelé que la mission des bons offices qui lui avait été confiée en 2023 provenait directement du Chef de l’État, à l’issue d’un Conseil des ministres. Elle a insisté sur le caractère institutionnel de ce mandat, mené sans contrepartie financière, dans un esprit de service et de responsabilité.
La Ministre a expliqué avoir privilégié une méthodologie inclusive : écouter toutes les sensibilités de la communauté musulmane – à Kinshasa, en provinces et à l’étranger –, identifier les causes profondes de la crise, analyser les blocages persistants et proposer des pistes de solutions. Un rapport circonstancié avait ensuite été transmis exclusivement au Président de la République, initiateur du mandat.
Les conclusions de cette mission ont révélé plusieurs faiblesses :
- la tendance à réduire l’islam à une simple association, alors qu’il s’agit d’une confession religieuse majeure ;
- le non-respect de certains principes religieux ;
- des violations répétées des lois encadrant les confessions religieuses ;
- des assemblées générales souvent marquées par des tensions ;
- des soupçons de clientélisme, de mauvaise gouvernance et d’ingérences politiques internes et externes.
Mme Bazaiba a dénoncé l’instrumentalisation politique de certaines structures religieuses, l’influence de réseaux extérieurs et les conflits internes alimentés par des intérêts particuliers, autant de facteurs fragilisant la cohésion et la crédibilité de la communauté musulmane congolaise.
Elle a rappelé que la gestion administrative et juridique des confessions religieuses relève des ministères de la Justice et de l’Intérieur, et non de son portefeuille actuel. Son action demeure orientée vers les questions sociales, humanitaires et de solidarité nationale, dans un contexte marqué par de multiples urgences.
La rencontre s’est conclue par un échange ouvert avec les participants, qui ont plaidé pour la tenue d’une assemblée générale et des réformes internes, tout en appelant l’État à accompagner ce processus. Ils ont salué la volonté d’écoute et de transparence de la Ministre d’État.
En guise de clôture, Ève Bazaiba a invité la communauté musulmane à privilégier le dialogue et la réconciliation, notamment à travers la construction d’une mosquée de réconciliation. Elle a réaffirmé sa disponibilité, ainsi que celle de ses équipes, à accompagner les prochaines étapes, en collaboration avec le Ministère de la Justice, afin de favoriser un climat de paix, de confiance et d’unité.
Par Didier Mbongomingi









