Sud-Kivu, décembre 2025 – Alors que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les groupes d’autodéfense Wazalendo, enchaînent les victoires contre les rebelles du M23 dans le Sud-Kivu, la communauté internationale presse Kinshasa d’amorcer une sortie de crise durable. La récente Résolution 2808 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée le 19 décembre, redéfinit les contours de l’engagement international et impose de nouveaux défis politiques à l’État congolais.
Depuis la mi-décembre, les FARDC et les Wazalendo ont repris plusieurs localités stratégiques dans les hauts plateaux du Sud-Kivu. Après la libération de Makobola, les combats se sont intensifiés autour des collines de Kiringye et Nyamutiri, surplombant la ville d’Uvira. Ces zones, longtemps sous contrôle du M23 et de ses alliés, sont cruciales pour le contrôle de la plaine de la Ruzizi.
Des sources militaires font état de lourdes pertes infligées aux rebelles, avec plus de 80 combattants neutralisés et d’importants stocks d’armes récupérés. Toutefois, la situation reste volatile, les affrontements se poursuivant dans les zones boisées et montagneuses.
Face à l’escalade du conflit, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité la Résolution 2808, prolongeant le mandat de la MONUSCO jusqu’en décembre 2026. Ce texte marque un tournant stratégique: il suspend le processus de retrait progressif de la mission onusienne et renforce son rôle d’interposition active.

Trois priorités sont réaffirmées: la protection des civils, le soutien au désarmement et à la réintégration des ex-combattants, et l’appui à la réforme du secteur de la sécurité. La MONUSCO est désormais appelée à jouer un rôle plus offensif, en coordination avec les FARDC, pour stabiliser les zones reconquises.
Si les Wazalendo sont aujourd’hui des partenaires de terrain incontournables pour les FARDC, leur statut reste ambigu. La communauté internationale, à travers les Nations Unies, exige leur neutralisation au même titre que les FDLR, les Maï-Maï et autres groupes armés non étatiques.
Kinshasa se retrouve ainsi face à un dilemme stratégique: comment désarmer des groupes qui ont contribué à repousser une menace majeure, sans risquer une nouvelle fragmentation sécuritaire? Un processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) est envisagé, mais il nécessitera des garanties, des ressources, et une volonté politique forte.
La résolution onusienne s’inscrit dans un contexte de pressions diplomatiques accrues. L’accord de paix signé le 4 décembre entre la RDC et le Rwanda, sous l’égide des États-Unis, exige le retrait du M23 à plus de 75 km d’Uvira. Mais sur le terrain, la réalité est plus complexe: les lignes de front évoluent rapidement, et les alliances locales restent fragiles.
Pour que la paix s’installe durablement, la victoire militaire devra s’accompagner d’un processus politique inclusif, d’une justice transitionnelle crédible, et d’un engagement sincère à démanteler tous les groupes armés, y compris ceux qui ont momentanément combattu aux côtés de l’armée régulière.
Par Thierry Bwongo









