À l’Assemblée nationale, les crises sociales semblent désormais s’ériger en tradition. Chaque bureau qui succède à la tête de la chambre basse laisse derrière lui une traînée de grognes et de protestations, portées par le personnel administratif et politique. En cette période critique de fin d’année, l’indécence atteint son comble : les salaires des employés de l’institution ne sont pas versés, tandis que les élus, eux, continuent de percevoir sans retard leurs rémunérations et de jouir pleinement de leurs privilèges.

Cette disparité de traitement stigmatise l’écart grandissant entre les différentes composantes de la machine législative. Les assistants parlementaires et administratifs réclament aujourd’hui deux mois de salaire impayés, auxquels s’ajoutent divers avantages non honorés, tels que les primes de Congrès ou le traditionnel treizième mois.

Temple de la démocratie et autorité budgétaire, l’Assemblée nationale se révèle paradoxalement un mauvais élève en matière de gestion des ressources humaines. Contrairement au Sénat, où de tels remous ne se font pas entendre, la chambre basse s’enlise dans un marasme qui rappelle les pratiques décriées sous la direction de Vital Kamerhe. L’actuel président du Bureau, Aimé Boji, semble prolonger ce mode de gestion fondé sur des promesses creuses et une illusion de bien-être proclamée à l’extérieur, mais démentie par la réalité interne.

Aimé Boji Sangara président de l’Assemblée nationale de la RDC

Les déclarations dans les médias se multiplient, accusant le Bureau de paupériser son personnel. Une situation qui contraste fortement avec le discours de campagne d’Aimé Boji avant son élection à la tête de l’institution. Du côté de la Questure, la défense consiste à pointer le gouvernement, accusé de ne pas transférer à temps les frais de fonctionnement. Mais cette justification peine à masquer un déficit criant d’humanisme et de considération envers les collaborateurs.

L’image est saisissante : celle d’un écrasement des plus faibles par les puissants. Les députés, bien qu’en vacances, se montrent indifférents aux conditions de vie de leurs assistants et du personnel administratif. Aucune action n’est connue de leur part pour défendre les droits de leurs collaborateurs. Pourtant, lorsqu’il s’agit de préserver leurs propres avantages, les élus n’hésitent pas à arracher des huis clos ou à reporter des plénières.

Un groupe d’assistant parlementaire venu a la rencontre du président de l’Assemblée nationale de l’époque Vital Kamerhe

Il faut rappeler que la grogne du personnel administratif avait déjà provoqué un retard dans l’élection du Bureau actuel, une crise désamorcée grâce à une médiation extérieure du vice-premier ministre en charge de la Fonction publique. Mais depuis, rien ne semble s’être amélioré.

Aujourd’hui, Aimé Boji est attendu au tournant. On ne peut prétendre diriger une institution aussi prestigieuse sans justice sociale ni égard pour l’ensemble des collaborateurs, quels que soient leurs rangs. L’Assemblée nationale ne saurait continuer à être le théâtre d’un tel déséquilibre sans compromettre sa crédibilité et sa vocation démocratique.

Par la rédaction

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