Le scandale financier de Bukanga Lonzo continue de secouer la République Démocratique du Congo. Ce mercredi 23 avril 2025, le Ministère Public a requis des peines sévères contre l’ancien Premier ministre Matata Ponyo Mapon et ses coaccusés, Grobler Christo Stephanus et Mutombo Mwana Nyembo. Les prévenus risquent 20 ans de travaux forcés, assortis de sanctions supplémentaires : 10 ans d’inéligibilité pour Matata Ponyo, 5 ans pour Mutombo Mwana Nyembo, et l’expulsion définitive de Grobler Christo après l’exécution de sa peine.

Lors d’une audience marathon de plus de quatre heures devant la Cour constitutionnelle, le Ministère Public a exposé les détails de l’affaire. Les accusations portent sur le détournement de 115 millions de dollars impliquant Matata Ponyo et Grobler Christo, ainsi que 80 millions de dollars concernant Matata Ponyo et Mutombo Mwana Nyembo. Les révélations des inspecteurs généraux des finances ont mis en lumière des surfacturations massives, atteignant jusqu’à 15 fois les prix réels, dans le cadre du projet agricole de Bukanga Lonzo.

Les trois prévenus étaient absents lors de l’audience. Matata Ponyo, principal accusé, conteste la régularité de la procédure, affirmant que l’Assemblée nationale n’a pas autorisé sa poursuite conformément à la Constitution. Cependant, la Cour constitutionnelle a rappelé que l’article 151 alinéa 2 de la Constitution interdit toute ingérence du pouvoir législatif dans les affaires judiciaires. Elle a également précisé que la correspondance invoquée par Matata Ponyo émanait de lui-même et non de l’Assemblée nationale en tant qu’institution.
De son côté, Grobler Christo a invoqué des raisons médicales pour justifier son absence, mais la Cour a rejeté cette excuse, exigeant des documents médicaux dûment contresignés. Quant à Mutombo Mwana Nyembo, il reste à l’étranger pour des soins médicaux, malgré une nouvelle convocation de la Cour.

Le verdict de la Cour constitutionnelle est attendu pour le 14 mai 2025. La Cour devra d’abord statuer sur les exceptions soulevées par les prévenus avant de se prononcer sur le fond de l’affaire. Ce procès, qui met en lumière des tensions entre la Cour constitutionnelle et l’Assemblée nationale, pourrait marquer un tournant dans la lutte contre la corruption en RDC.
Par Thierry Bwongo









