Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, s’apprête à effectuer une visite cruciale à Washington ce jeudi, où il devrait finaliser un accord stratégique avec les États-Unis. Ce partenariat, qui pourrait redéfinir les relations bilatérales entre les deux pays, s’articule autour de l’accès privilégié des États-Unis aux minerais critiques de la RDC — cobalt, lithium, cuivre —, en échange d’un soutien sécuritaire renforcé pour stabiliser l’est de la RDC, une région fragilisée par l’activisme du groupe armé M23.

Cette visite intervient dans un climat géopolitique marqué par une compétition croissante pour le contrôle des ressources stratégiques. La RDC, qui possède environ 70 % des réserves mondiales de cobalt — un composant essentiel pour les batteries électriques —, est devenue un enjeu majeur pour les grandes puissances industrielles. La Chine, qui domine actuellement le secteur minier en RDC, pourrait voir son influence contestée si cet accord entre Kinshasa et Washington venait à se concrétiser.

En toile de fond, la signature le 25 avril dernier d’une déclaration de principes entre la RDC et le Rwanda sous médiation américaine, laisse entrevoir une tentative de réconciliation régionale. L’objectif semble clair : pacifier l’Est congolais pour permettre un climat propice aux investissements et à l’exploitation des ressources.

L’accord ouvre également la porte à des investissements colossaux d’entreprises américaines. KoBold Metals, un consortium financé par des milliardaires comme Bill Gates et Jeff Bezos, s’inscrit déjà dans la dynamique. Ces initiatives promettent non seulement de relancer l’activité économique dans des zones clés de la RDC, mais aussi de stimuler l’innovation dans le domaine des technologies vertes.

Cependant, la société civile congolaise et certains experts mettent en garde contre le risque de contrats déséquilibrés. « La transparence doit être une priorité », souligne un analyste économique. « Les bénéfices issus de l’exploitation des minerais doivent avant tout profiter aux populations locales, plutôt qu’à des intérêts étrangers. »

Sur le plan régional, cet accord pourrait avoir des répercussions majeures. En renforçant ses liens avec les États-Unis, Kinshasa pourrait s’affranchir d’une partie de sa dépendance économique vis-à-vis de la Chine. En revanche, cette manœuvre pourrait exacerber les tensions géopolitiques en Afrique centrale, alors que plusieurs pays rivalisent pour s’imposer comme partenaires stratégiques dans l’exploitation des ressources naturelles.

Si ce partenariat stratégique est finalisé, il marquera une étape décisive dans la politique étrangère du président Tshisekedi, tout en redéfinissant le rôle de la RDC sur la scène internationale.

Par Didier Mbongomingi

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