La capitale congolaise, avec ses 17 millions d’habitants, fait face à une urbanisation galopante où l’aménagement du territoire peine à suivre le rythme de la croissance démographique. Dans ce contexte, la construction de la Cité de Chine, initiée par le groupe African Sunrise, soulève des interrogations sur son intégration dans le tissu urbain de Kinshasa et son impact réel sur les défis de la ville.
Situé sur le boulevard Sendwe, en face du stade Tata Raphaël, le projet s’étend sur 150 000 m², avec un investissement initial de 200 millions de dollars, pouvant atteindre 500 millions. La Cité de Chine devrait regrouper centres commerciaux, hôtels, infrastructures logistiques et financières, ainsi que des zones résidentielles. Son ambition affichée est de renforcer les infrastructures économiques de Kinshasa et de générer 30 000 emplois.

Kinshasa se transforme, mais souvent sans une vision cohérente de l’aménagement urbain. La Cité de Chine s’inscrit-elle dans un plan structuré pour répondre aux problèmes d’encombrement, de transport public insuffisant et d’accès aux services essentiels ? L’absence de coordination entre les grands projets immobiliers et les infrastructures publiques pose souvent problème, comme en témoignent les quartiers saturés où les routes et les réseaux d’assainissement sont sous-dimensionnés.
L’apport économique est indéniable, mais les critères d’accessibilité à ces nouvelles infrastructures restent flous. Qui pourra réellement bénéficier de ces nouvelles résidences et services commerciaux ? La crainte d’une « gentrification » existe, avec une élévation du coût de la vie dans cette zone, au détriment des habitants aux revenus modestes.


Le projet pourrait être un levier de modernisation pour la capitale si son intégration dans un plan d’urbanisme global est assurée. L’amélioration des voies d’accès, la prise en compte des besoins en transport public, et une approche inclusive pour la population locale seront déterminantes pour que la Cité de Chine ne devienne pas un îlot économique déconnecté du reste de la ville.

L’essor des infrastructures privées comme la Cité de Chine témoigne de l’attractivité de Kinshasa pour les investisseurs étrangers. Toutefois, l’enjeu principal reste l’adéquation de ces projets avec les besoins réels d’une ville en pleine mutation. Une urbanisation efficace ne peut pas se limiter à des initiatives isolées, mais doit s’inscrire dans une réflexion globale pour une capitale mieux structurée et accessible à tous.
Par Thierry Bwongo









