Kinshasa, 28 mai 2025 – La séance de ce mercredi a été marquée par de vives tensions autour de la gestion du Go-Pass, cette Redevance aérienne perçue sous l’appellation IDEF, qui génère chaque mois près de 2,3 millions de dollars, soit un peu près de  27,6 millions de dollars par an. Pourtant, les aéroports du pays demeurent délabrés, suscitant l’indignation des députés nationaux.

Hon. Christian Mwando

Christian Mwando : « Une extorsion pure et simple »

Le député de l’opposition Christian Muando a fustigé la perception du Go-Pass, qu’il qualifie d’extorsion, soulignant son absence de base légale et l’opacité du système mis en place pour sa collecte. Il s’est interrogé sur le fait que cette redevance ne soit pas directement incluse dans les billets, qui sont déjà surchargés par d’autres prélèvements imposés par la RVA. « Pourquoi ne pas intégrer cette redevance dans le billet ? Pourquoi faut-il une perception séparée ? Cette IDEF doit être supprimée ! » a-t-il exigé.

Mbungani Jean-Jacques : « Où vont les fonds du Go-Pass ? »

Hon Dr. Mbungani Jean-Jacques

L’état catastrophique de l’aéroport de Gemena illustre, selon Mbungani Jean-Jacques, le manque d’impact des revenus générés par le Go-Pass. Il a dénoncé plusieurs carences graves, notamment :

  • L’absence de balisage et de clôture, mettant en danger la sécurité des vols ;
  • Le manque de carburant, paralysant l’exploitation des avions ;
  • Une piste trop courte, empêchant les avions de grande capacité d’y atterrir ;
  • Des infrastructures vétustes, datant de plus de 50 ans, sans aucune rénovation.

« Les Congolais paient, mais ne voient aucune amélioration. Où vont ces fonds ? » s’est insurgé l’élu, appelant la RVA à publier ses données de gestion et à rendre des comptes.

Des chiffres accablants et une gestion opaque

Les députés ont scruté les dépenses engagées par la RVA, qui soulèvent de nombreuses interrogations :

  • 7 millions de dollars pour la clôture de l’aéroport de Luano ;
  • 21 millions de dollars consacrés à des études de balisage et chaussées, sans concrétisation visible ;
  • 5 bus achetés à plus d’un million d’euros, soit 350 000 dollars par bus ;
  • 280 dollars facturés pour un simple chariot d’aéroport à Ndjili ;
  • 1 million de dollars attribué à des consultants, uniquement pour la surveillance de travaux.
Hon Prince Kangila

Pour Prince Kangila, ces montants sont une aberration. « En 15 ans, le Go-Pass a généré plus de 360 millions de dollars. Avec cette somme, nous aurions pu construire un nouvel aéroport ! Pourquoi cette manne financière ne profite-t-elle pas aux infrastructures ? »

Célestin Engelemba Bokuwe : « Trop de marchés de gré à gré »

L’Honorable Célestin Engelemba Bokuwe a dénoncé la gestion opaque des contrats attribués par la RVA. Sur 63 projets, 53 ont été attribués de gré à gré, souvent pour des montants supérieurs à 500 000 dollars. Il a aussi révélé que seules quatre provinces ont bénéficié des projets financés par le Go-Pass : Kinshasa, Katanga, Kisangani et Goma, alors que tous les passagers du pays paient cette taxe.

Hon Célestin Engelemba Bokuwe

« L’argent collecté via le Go-Pass sert-il uniquement à financer des infrastructures dans une minorité de provinces, alors que le reste du pays est oublié ? » a-t-il questionné, exigeant une équité dans l’affectation des ressources.

Un DG contesté, une Commission d’enquête exigée

Les divisions sont claires parmi les élus. Certains demandent le départ immédiat du DG Léonard Ngoma, jugeant qu’il n’a pas les compétences pour gérer cette régie qui génère des centaines de millions de dollars. D’autres le poussent à agir, lui lançant le défi de marquer l’histoire en combattant les résistances internes qui nuisent à une gestion saine et transparente.

Léonard Ngoma/ DG de la RVA

Face à cette situation, une Commission d’enquête parlementaire a été sollicitée par la majorité des députés, afin de déterminer les responsabilités et mettre en lumière les fautes de gestion constatées. La plénière a accordé 48 heures au Directeur Général pour répondre aux préoccupations des élus et proposer des solutions concrètes.

Par Thierry Bwongo

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