La République démocratique du Congo est une fois de plus secouée par une affaire qui met en lumière les tensions persistantes entre le pouvoir et la presse. Willy-Albert Kande, journaliste sportif de la RTNC, a été arrêté et détenu pendant 72 heures au cachot de la Légion nationale d’intervention (LÉNI) avant d’être transféré au Conseil national de sécurité, un service d’intelligence basé à la présidence de la République. Son confrère Don Kubutana, caméraman ayant capturé les images illustrant ses commentaires sur l’état du stade des Martyrs, a également été interpellé.

Un motif d’arrestation qui interroge
Selon les proches du journaliste, il lui est reproché d’avoir dénigré le stade des Martyrs en le comparant défavorablement au stade Kamalondo, une infrastructure privée située à Lubumbashi. Cette accusation soulève des interrogations sur la liberté d’expression des journalistes congolais, notamment dans le domaine sportif, où la critique des infrastructures publiques ne devrait pas être assimilée à un acte de subversion.

Willy-Albert Kande, journaliste sportif de la RTNC

Un contexte de régulation médiatique controversé
Cette arrestation intervient dans un climat tendu pour la presse congolaise. Christian Bosembe, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), a récemment tenu un discours affirmant que sous l’actuel mandat présidentiel, aucun journaliste n’a été arrêté ou torturé pour ses opinions. Pourtant, plusieurs cas récents, dont celui de Stan Bujakera, contredisent cette déclaration et renforcent les inquiétudes sur la répression des voix critiques.

Une liberté de la presse sous pression
La RDC, classée 133e sur 180 par Reporters sans frontières en matière de liberté de la presse, continue de voir ses journalistes confrontés à des intimidations et des arrestations arbitraires. L’affaire Kande et Kubutana illustre une tendance préoccupante où la critique des infrastructures publiques peut mener à des représailles sévères.

Don Kubutana/ caméraman RTNC

Vers une mobilisation des acteurs médiatiques ?
Face à cette situation, les organisations de défense des droits des journalistes et la société civile pourraient intensifier leurs actions pour dénoncer ces atteintes à la liberté de la presse. L’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) a déjà exprimé son inquiétude face à la régulation jugée autoritaire du CSAC. La question demeure : jusqu’où ira la restriction de l’espace médiatique en RDC ?

L’arrestation de Willy-Albert Kande et Don Kubutana marque un tournant inquiétant pour la presse congolaise. Dans un pays où l’information est un pilier de la démocratie, ces événements rappellent l’urgence de garantir aux journalistes un cadre de travail libre et sécurisé.

Par Thierry Bwongo

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