Depuis la mise en place du Traité de non-prolifération (TNP) en 1970, l’ordre nucléaire mondial repose sur une hiérarchie discriminatoire. Cinq puissances – États-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni – bénéficient d’un monopole légitimé par leur statut de détenteurs officiels de l’arme atomique, tandis que les autres signataires y renoncent en échange d’un accès au nucléaire civil. Ce modèle crée une dynamique inégale où les grandes puissances modernisent leurs arsenaux, alors que des États comme l’Iran sont sanctionnés pour des ambitions bien plus modestes.

La crise israélo-iranienne de juin 2025 illustre brutalement cette asymétrie. En ciblant les installations nucléaires iraniennes de Natanz et d’Ispahan, Israël a choisi une stratégie de confrontation directe, faisant fi des mécanismes de régulation internationale. L’Iran, bien que ne possédant pas encore d’ogives nucléaires, accélère son programme sous la pression, alimentant les craintes d’une prolifération régionale qui pourrait entraîner la Turquie, l’Égypte et l’Arabie saoudite dans une course à l’armement.

Kim Jong-Un président de la Corée du Nord devant une ogive nucléaire

Face à cette escalade, les principes classiques de dissuasion sont mis à mal. Contrairement aux logiques de la guerre froide où la menace nucléaire empêchait les affrontements directs entre puissances, le Moyen-Orient pourrait voir émerger des conflits nucléaires localisés. Par ailleurs, le développement technologique des missiles hypersoniques et des systèmes antimissiles sophistiqués fragilise les mécanismes traditionnels de sécurité, réduisant les temps de réaction et augmentant les risques d’erreur stratégique.

Des missiles balistiques Pakistanais

L’échec des cadres de régulation accentue cette dérive. La suspension du traité New START et le refus des grandes puissances de ratifier le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) affaiblissent les garde-fous internationaux, laissant le monde sans mécanisme efficace de contrôle. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, alerte sur la nécessité de relancer les efforts de désarmement et de créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient pour éviter une multiplication incontrôlée des acteurs nucléaires.

Parade avec un missile à possible charge nucléaire au Pakistan

Cette crise met en lumière les fragilités d’un système hérité du XXe siècle, dont les déséquilibres pourraient désormais provoquer une véritable fragmentation de la sécurité mondiale. La dissuasion a longtemps permis d’éviter les guerres directes entre États nucléaires, mais son effondrement dans une région en proie à des rivalités exacerbées menace de bouleverser l’équilibre international. À défaut d’une réforme urgente du régime de non-prolifération, l’escalade actuelle pourrait rendre inévitable un conflit aux conséquences incalculables.

Par la rédaction

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